Sefsaf, si loin si proche

Avec Si loin, si proche, Abdelwaheb Sefsaf offre à la Maison des Métallos un concert-récit sur son enfance. Un spectacle plein d’humour et de tendresse quand ses parents, immigrés algériens, rêvaient du retour en terre promise. Du 18 au 23/12, sous le regard croisé des critiques de Chantiers de culture.

 

Un spectacle à fleur de peau

Avec une belle constance, Abdelwahab Sefsaf poursuit son chemin avec Si loin, si proche, creusant le même sillon avec la même générosité. Ce n’est pas pour rien que la compagnie qu’il a créée en 2010 porte avec ironie le nom de Cie Nomade in France… Après le beau et mérité succès de Medina Merika, le voici à une autre station de son parcours. Une autre étape qui le mène cette fois-ci à l’évocation d’un retour (momentané) au pays, l’Algérie, pour cause de mariage de son frère aîné. Petite et très folklorique épopée de toute la famille réunie – parents, enfants et ami de toujours très cher – embarquée dans l’aventure vers cette maison que le père passionné par la politique et… l’Algérie, s’est acharné des années durant à faire construire. Mais, par-delà l’anecdote familiale, c’est encore et toujours la recherche de

Co Renaud Vezin

la mère, de la terre mère, de la langue maternelle dont il est question chez Abdelwahb Sefsaf, lui, l’enfant d’immigrés né à Saint-Étienne !

Cette thématique se retrouve ici comme elle apparaît dans les chansons qu’il compose et chante dans toutes les langues. On en avait déjà un bel aperçu dans le spectacle Quand m’embrasseras-tu ? consacré avec Claude Brozzoni au poète palestinien Mahmoud Darwish. Elle se développe ici et comme toujours entre récit et chant, Abdelwahad Sefsaf a l’art de passer de l’un à l’autre avec une belle aisance, il habite de sa forte présence le bel espace que lui a aménagé sa femme Souad Sefsaf et qu’éclaire avec subtilité Alexandre Juzdzewski. Comme toujours dans ses spectacles, le spectateur se retrouve dans un univers chaud propice à la rêverie et à qui l’accompagnement musical et sonore (Georges Baux et Nestor Kéa avec Sefsaf bien sûr) donne toute son ampleur. On n’aura garde d’oublier la présence de Marion Guerrero qui partage avec Abdelwahab Sefsaf, tout comme dans Medina Merika, le travail de mise en scène que l’aisance sur le plateau de ce dernier ferait presque oublier. Tout le spectacle oscille entre ce que le titre Si loin si proche induit : dans le balancement douloureux entre deux pôles opposés et dans le recherche d’une difficile réconciliation. Jean-Pierre Han

 

L’éternel retour d’Abdelwaheb Sefsaf

« Le monde arabe est un cimetière ». La première scène du spectacle où trône un immense crâne et des tombes aux calligraphies arabes, ne donnent pas le la du récit, loin s’en faut. Bientôt, les tombes se transforment en fauteuils fleuris et la tête de mort s’ouvre, ornée de boules à facettes. Abdelwaheb Sefsaf nous plonge dans son enfance à Saint-Étienne et le rêve de ses parents de retourner en Algérie. Son père Arezki, commerçant ambulant de fruits et légumes, après avoir trimé à la mine, se saigne pour faire construire sa maison du côté d’Oran. « Pour construire la maison témoin, l’immigré algérien des années 70/80, se saigne à blanc et vit en permanence dans du « provisoire ». Vaisselle dépareillée, ébréchée, meubles chinés, récupérés, rustinés, voire

Co Renaud Vezin

fabriqués ».  Car, selon les termes de Lounès, l’ami de la famille qui a réussi, « un centime dépensé en France est un centime perdu ».

Entrecoupé de chants en français et en arabe, le récit nous enchante. Qui prend toute sa force avec la voix puissante d’Abdelwaheb Sefsaf, accompagnée par Georges Baux aux claviers et à la guitare et de Nestor Kéa aux claviers électroniques. Et le chanteur comédien de nous conter l’interminable voyage vers Oran, à onze dans une camionnette surchargée, pour célébrer le mariage du fils, un temps reparti au bled. Le joint de culasse lâchera en Espagne et la famille attendra, dix jours durant, sur le parking du garage que la pièce de remplacement arrive. Il évoque avec tendresse et ironie le malaise de ces immigrés, tiraillés entre deux cultures et cette « maison témoin » en Algérie dont les meubles resteront emballés à jamais pour éviter les tâches. Un texte très fort porté par une musique orientale, rock et électro à savourer. Amélie Meffre

Dans le cadre de leur partenariat, l’Union Fraternelle des Métallurgistes (UFM) et la Maison des Métallos sont heureux de vous faire bénéficier d’un tarif de 9€ au lieu de 15€ (5€ pour les – de 15 ans). Réservation directe auprès de la Maison des Métallos au 01.47.00.25.20 ou sur reservation@maisondesmetallos.org en précisant le code UFM.

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Classé dans La mêlée d'Amélie, Les frictions de JP, Rideau rouge

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