L’ouvrage est coédité par Actes Sud et l’association Pour que l’Esprit vive. Tous témoins réunit les dessins de prison de Najah Albukaï et les textes d’une vingtaine d’écrivains. Un recueil qui mêle émotion et réflexion pour dénoncer la répression en Syrie.

Dix ans après le début du soulèvement populaire en Syrie, la répression, meurtrière et massive, s’est abattue contre toute forme de contestation. Symbole d’une solidarité active, les éditions Actes Sud publient Tous témoins. La reproduction de dessins et gravures de Najah Albukaï, accompagnés de textes de 23 auteurs de divers pays qui réagissent face à l’horreur : Alaa el Aswany, Laurent Gaudé, Nancy Huston, Daniel Pennac… « Dans l’histoire de l’art, les crucifixions sont des scènes héroïques, mais la réalité est abominable », témoigne Najah Albukaï, arrêté et torturé par le régime syrien.

Né à Homs en 1970, l’ancien étudiant des Beaux-Arts de Damas, puis de Rouen, participe aux manifestations contre le régime au début du soulèvement en mars 2011. En 2012, puis en 2014, il est arrêté, et enfermé, en particulier dans le sinistre centre 227 des services de D.R. renseignements. Les prisonniers y sont entassés dans de petites cellules, soumis à la quasi-nudité, à la torture, à l’humiliation, à la mort, à l’obligation de porter des cadavres… Parmi eux, des enfants, des militants des droits humains, des réfugiés palestiniens du camp de Yarmouk totalement détruit lors du siège (hiver 2012- été 2013), des manifestantes et manifestants. Grâce à la détermination de sa compagne, Najah Albukaï parvient à fuir et vit aujourd’hui en France.

En 2018, le quotidien Libération publie plusieurs de ses dessins. Des écrivaines et écrivains de diverses origines ou sensibilités, sidérés par l’horreur, décident alors de partager leurs réactions, mais aussi leurs réflexions. Un ouvrage commun, salvateur. Isabelle Avran
Tous témoins, éditions Actes Sud, 160 p., 25€.