Vian ne fait pas dans la Soie !

Jusqu’au 28/08 pour l’un, au 16/10 pour l’autre, se jouent au théâtre du Lucernaire (75) Soie et L’écume des jours. Deux grands auteurs à l’affiche, Alessandro Baricco et Boris Vian adaptés par Sylvie Dorliat et Claudie Russo-Pelosi. Deux rafraîchissants spectacles pour l’été.

Entre les plis d’un tissu chatoyant et fin, Alessandro Baricco a tiré les fils d’un texte d’une sublime poésie entre rêve et réalité, plaisir d’un amour partagé et songe d’une passion fantasmée ! Aussi journaliste et musicien, auteur de l’étonnant Novecento, le romancier italien décrit en ce bref et court roman les quatre voyages entrepris par un certain Hervé Joncour en quête de précieux vers à soie. Des monts du Vivarais au Japon, un voyage long et périlleux en 1860, surtout un choc entre deux mondes et deux cultures…

Seule en scène, en peu de gestes sous une lumière tamisée, Sylvie Dorliat joue de sa voix enveloppante et caressante pour nous conter Soie, cette histoire fantastique dont nous ne dévoilerons le mystère, cette rencontre entre deux êtres que langue et coutume séparent. Une femme et un homme qui se dévisagent et se frôlent, s’échangent d’étranges billets, s’éprouvent d’une passion commune sans jamais la consommer… Des pages enivrantes de sensualité du roman, le metteur en scène William Mesguich en a extrait les plus douces saveurs dont la comédienne se fait l’interprète. Une peu banale histoire d’amour, tant pour un fil à la texture d’une extrême finesse que pour une femme aux traits d’une extrême délicatesse.

Comédiens, musiciens et chanteurs, la bande de garçons et filles de la compagnie des Joues rouges s’empare avec énergie de L’écume des jours de Boris Vian. Là encore, il est question d’une belle et douce jeune femme dont est amoureux Colin. Las, Chloé est atteinte d’un mal incurable : la croissance d’un nénuphar qui squatte ses poumons ! En dépit de la mort qui rode, rien ne parvient pourtant à casser l’ambiance, le sourire et la bonne humeur semblent ne jamais devoir quitter les lèvres des joyeux lurons.

Ils ne cessent de s’amuser, chanter et danser, égrenant au fil des chapitres de cette histoire entièrement vraie, « puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre » précise Boris Vian, les plus emblématiques refrains et ritournelles du célèbre trompettiste. Avec l’adaptation fort originale et réussie de Claudie Russo-Pelosi, à la fois metteure en scène et comédienne, l’insouciance et l’insolence premières du roman s’en trouvent magnifiées. Dans l’urgence de vivre propre à la jeunesse, malgré les menaces extérieures qui minent le quotidien et le tragique qui s’affiche en permanence sans jamais quitter le devant de la scène, musique jazzy, refrains et couplets entretiennent la confiance aux lendemains, l’espérance en un fol devenir. Un théâtre musical inventif où le public a plaisir à retrouver l’univers déjanté et surréaliste du grand Boris. Yonnel Liégeois

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Classé dans Littérature, Musique et chanson, Rideau rouge

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