Aux nouvelles de Leprest !

Aux éditions de l’Archipel, paraît Allain Leprest, donne-moi de mes nouvelles. Un pavé de 600 pages en hommage au grand poète de la chanson française, l’intégrale de ses chansons enregistrées. 376 textes, parfois méconnus, présentés avec une longue préface inédite et émouvante de Didier Pascalis, son ami et producteur.

« Vingt ans aujourd’hui que ma rencontre avec Allain a changé mon parcours de vie », confesse Didier Pascalis, plus et mieux que son meilleur ami, son protecteur et producteur ! Souvent, régulièrement, de jour comme de nuit, il a ouvert son portail et défait le canapé pour que se repose le poète entre petits verres et grands vers ! En coin de table, il couche sur le papier des rimes à frissons, griffonne sur la nappe des dessins à foison. Leprest ? Un parolier de grand talent, un génie de la plume, un artiste au firmament de la chansonnette comme le prétendait le fantasque Gainsbourg au sujet de son art. L’ami des bons et mauvais jours, l’ami de toujours n’oubliera jamais ce jour où, dans l’intimité de son salon, Allain sortit de sa poche des bouts de papier, des feuilles scribouillées, quand il s’est mis à chanter… « Je suis resté sans voix. Médusé, hypnotisé, fasciné, le choc, un grand choc ». Et Pascalis de poursuivre, « un souffle puissant, celui de la poésie pure, m’a envahi », et de produire le disque et CD Donne-moi de mes nouvelles, dont l’ouvrage paru chez l’Archipel reprend le titre deux décennies plus tard.

Une absence, un départ, la mort en 2011 qui nous laissent à jamais orphelin de celui que Claude Nougaro apostrophait comme « l’un des plus foudroyants auteurs que j’ai entendu au ciel de la langue française » ! Malgré l’admiration de ses pairs et la reconnaissance de la profession, Allain Leprest était demeuré un artiste discret, presque méconnu du grand public. Le chroniqueur et romancier Jean d’Ormesson l’avait surnommé  « le Rimbaud du XXe siècle », Claude Lemesle, le vice-président de la Sacem, le considérait comme « le plus grand poète vivant »… L’ancien peintre en bâtiment s’était reconverti en ciseleur de mots pour écumer les cabarets et faire un tabac en 1985 au Printemps de Bourges ! En 1992, il enregistre Voce a Mano avec l’accordéoniste Richard Galliano, un album couronné du Prix de l’Académie Charles-Cros l’année suivante. En 1995, il fait salle comble à l’Olympia.

Poète au franc-parler, boudé des médias et de la télé, écorché vif mais d’une tendresse infinie, il sut à merveille allumer les yeux dans la noirceur du ciel. Atteint d’un cancer du poumon, il revint sur scène en 2007 avec Chez Leprest, disque sur lequel il invitait quantité de chanteurs (Michel Fugain, Olivia Ruiz, Jacques Higelin, Daniel Lavoie, Nilda Fernandez, Enzo Enzo) à revisiter avec lui son répertoire. Un second opus est publié deux ans plus tard. Dans l’intervalle, deux cédés gravés, autant de perles chansonnières et bijoux littéraires : Donne-moi de mes nouvelles en 2005, Quand auront fondu les banquises en 2008… Stupeur et douleur à Antraigues, terre d’accueil de Jean Ferrat son frère en chansons, Leprest se suicide en août 2011.

Bonheur et richesse des archives, demeure un émouvant coffret Connaît-on encore Leprest ? qui comprend trois disques et un magnifique livret illustré par les propres dessins du poète et chanteur. Un CD d’abord, une sélection de ses plus belles chansons enregistrées ces huit dernières années chez son producteur Tacet (dont trois extraites de Leprest symphonique), ensuite deux DVD : le concert de sa dernière tournée et l’hommage que la SACEM rendit, avec ses amis chanteurs (Romain Didier, Agnès Bihl, Loïc Lantoine, Anne Sylvestre, Jean Guidoni, Nathalie Miravette, Kent…), à celui qui reçut le Grand Prix de la poésie en 2009 ! Un superbe objet chansonnier pour (re)découvrir la voix rauque de celui qui osait tutoyer Villon, Rimbaud et Hugo, et ses mots ciselés au plus fin du quotidien des humains. Des pépites pour interpeller nantis et puissants, une poésie à s’en écarteler cœur et poumons, de subtils couplets pour apostropher le chaland sur l’état du monde et l’avenir des enfants. Et, cadeau suprême, un original livret pour effeuiller feu le quotidien de l’artiste : c‘est beau, c’est fort, c’est sublime, le souffle d’un géant !

Allain Leprest ? Un ami et poète, compagnon de colère et de misère, qu’il était bel et bon de tutoyer par monts et vallées, contre vents et marées. Entre couplets lyriques et envolées symphoniques, de nouveau l’artiste nous fait signe. N’hésitez point à prendre de ses nouvelles, avec tendresse et passion à fredonner ou chanter, lire ou relire ses ritournelles et bagatelles, petits bijoux littéraires. Yonnel Liégeois

Allain Leprest, donne-moi de mes nouvelles : L’intégrale des 376 chansons enregistrées par lui ou d’autres artistes. Avec des articles thématiques rédigés par Céline Pruvost (L’univers poétique d’Allain Leprest), Pascal Pistone (L’univers musical), Cécile Prévost-Thomas (L’univers scénique). Préface de Didier Pascalis, postface de Claude Lemesle (éditions de l’Archipel, 610 p., 28€).

« Didier Pascalis, son producteur et ami, signe la préface bouleversante de l’ouvrage, avec des mots d’amour fraternel qui retracent à traits vifs le parcours météorique de ce contemporain « aux semelles de vent », boudé par les médias et admiré des musiciens. Un livre indispensable à ses admirateurs, nécessaire aux autres ». Clément Garcia, L’humanité du 12/06.

« Un kilo de Leprest pour ses soixante-dix piges, ce livre est un trésor ! Un kilo qui pèse dans l’Histoire de la chanson française même s’il ne fait pas grand poids dans les choix discutables car franchement médiocres et serviles des programmateurs radios et télé ». Michel Kemper, le site Nos enchanteurs.

« Le recueil Donne-moi de mes nouvelles, que publie Didier Pascalis en hommage à Allain Leprest, rassemble donc les plus belles paroles de ce génie des mots, boudé par les grands médias mais admiré par les plus grands noms de la scène française : Nougaro, Jean Ferrat, Juliette Gréco ». Radio France Musique, le 04/06.

« Allain Leprest a laissé une empreinte singulière dans le paysage de la chanson, il aura exploré les méandres de l’existence dans une langue réinventée, entre humour et gravité ». Michel Cordeboeuf, RCF Radio.

 “L’excellence de l’écriture n’est pas forcément liée à la notoriété. Allain Leprest est l’auteur le plus brillant, par la plume, par les yeux, par le cœur, de ces vingt dernières années que les majors dans leur myopie lucrative n’ont pas su distinguer”. Michel Arbatz, Le moulin du parolier.

« Les thèmes de prédilection d’Allain Leprest ? La vie, celle de tous les jours. Que ce soit l’attente de l’amoureux assis à une table de bistrot d’une amoureuse, qui, saison après saison, ne viendra pas (Les Tilleuls), la méditation d’un regard sur la mer (Y a rien qui s’passe)… Les volutes bleues de la cigarette de son père (La Gitane), ou bien la poésie métaphorique la plus belle qui soit (Où vont les chevaux quand ils dorment). Tout le nourrissait ; de la beauté du monde, de celle des gens et par une écriture simple, épurée, parvenait à faire écho chez l’auditeur à des sentiments ressentis et touchant l’âme ». Yasmina Jafaar, La Ruche Media.

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