Aux éditions Rue du monde, le romancier Didier Daeninckx et le dessinateur PEF publient Jean Moulin, les cent vies d’un héros. Le portrait d’une figure majeure de la Résistance, artiste et amateur d’art. Une victime de la barbarie nazie et de Klaus Barbie, le chef de la gestapo lyonnaise.

Il y a cette photo, prise en mars 1940 à Montpellier. Une photo iconique. Jean Moulin, appuyé contre un mur blanc, chapeau vissé sur la tête, écharpe nouée autour du cou, les mains glissées dans les poches de son manteau d’hiver, ne regarde pas l’objectif. Son regard est profond et inquiet. Partout, en Europe, le fascisme avance à grands pas. Allemagne, Italie, Espagne, la peste brune s’étend. Haut fonctionnaire, ayant connu les affres de la Première Guerre mondiale, Jean Moulin sait que le compte à rebours qui va plonger la France et l’Europe dans l’horreur a commencé.

Il va désobéir à Pétain, refuser de collaborer et rejoindre le général de Gaulle à Londres. Lequel lui confie la mission de réunir, d’unifier la Résistance française et, en février 1943, de créer le Conseil national de la Résistance. Jean Moulin est arrêté le 21 juin 1943 par la Gestapo, sous les ordres de Klaus Barbie. Atrocement torturé, il meurt lors de son transfert en Allemagne, le 8 juillet 1943. C’était il y a quatre-vingts ans.

Le récit de Didier Daeninckx démarre par l’enfance de Jean Moulin. Il brosse un portrait concis et précis de l’itinéraire d’un homme qui a dit non, dès son plus jeune âge : le portrait d’un homme courageux, audacieux, qui n’a jamais renoncé à ses idéaux de justice et de liberté. Les dessins de Pef font mouche à chaque page. Ils organisent le récit, lui apportent une dimension sensorielle et organique. Un ouvrage de très belle facture, nécessaire et utile, à mettre entre toutes les mains. Marie-José Sirach
Jean Moulin, les cents vies d’un héros, par Didier Daeninckx et PEF (éd. Rue du monde, collection Grands Portraits, 56 p., 18€).





