Les 12-19 et 26/05, aux Enfants du paradis (75), Daniel Mesguich propose L’Arlésienne. Une lecture de la pièce d’Alphonse Daudet, suave et élégante. Claudel a pu dire : « L’œil écoute ». Avec Mesguich le conteur, l’oreille voit !

Daniel Mesguich donne lecture de l’Arlésienne, pièce d’Alphonse Daudet (1840-1897), que mit en musique Gorges Bizet. Qui peut le plus peut le moins, se dit-on aussitôt, à l’exacte mesure de l’acteur-metteur en scène dûment reconnu que l’on sait, rompu à tant de réalisations inventives, parfois jusqu’à l’excentricité – le plus souvent à partir de classiques –, toujours stimulantes en tout cas. Le voici vêtu de noir, debout devant le micro, texte en main, dans l’attitude du conteur. Et quel conteur ! Du drame d’amour en trois actes écrit de main de maître par Daudet, par ailleurs romancier longtemps fêté pour sa prose émotive et fluide, Mesguich distille tous les sucs avec gourmandise.

Cette tragédie en bord de Rhône prend vie dès qu’il ouvre la bouche. Chaque personnage est soudain doté d’une voix singulière, d’un accent étonnamment intime grâce à l’art de la diction du grave à l’aigu porté au plus haut. Il va jusqu’à différencier les intonations selon les consonances locales, à l’image d’une Provence multiple aux parlers si divers. Si Claudel a pu dire « L’œil écoute », avec Mesguich l’oreille voit ! De son masque de chair sourd tout un petit mode spectral : le Gardian jaloux, Frédéri l’inconsolable amoureux, Vivette la fiancée de second choix, l’Innocent si touchant à qui le Berger raconte la Chèvre de monsieur Seguin… Une prouesse suave, élégante, joueuse, qui mérite la gratitude de tout auditeur-spectateur digne de ce nom. Jean-Pierre Léonardini
L’Arlésienne d’Alphonse Daudet, Daniel Mesguich : Les 12-19 et 26/05, 15h30. Les Enfants du Paradis, 34 rue Richer, 75009 Paris (Tél. : 01.42.46.03.63).





