Le 61ème palmarès de la Critique

Le 06 juin, au Théâtre de la Ville (75), le Syndicat de la Critique a dévoilé son 61ème Palmarès pour la saison 2023-2024. En tête d’affiche, Le voyage dans l’Est d’après Christine Angot mis en scène par Stanislas Nordey, Le mandat de Nicolaï Erdman mis en scène par Patrick Pineau et Cavalières de Sarah Brannens mises en scène par Isabelle Lafon… Armand Gatti, théâtre-utopie d’Olivier Neveux, a reçu le Prix du meilleur livre sur le théâtre.

Que l’on soit critique, artiste, technicien, permanent, intermittent, attachée de presse, nous nous réjouissons de nous retrouver pour cette 61ème cérémonie des Prix du syndicat de la critique. Ces prix témoignent de la vitalité de la création et du formidable engagement de mes consœurs et confrères à veiller à ce que la critique ne se confonde pas avec promotion mais reste cet endroit où la pensée est à l’œuvre, où le doute a droit de cité.

 La critique, c’est aller plusieurs fois par semaine à la rencontre d’œuvres originales, c’est défendre l’idée qu’au théâtre, à l’opéra, c’est l’humanité qui se donne à voir dans des mises en scène parfois tourmentées, exaltées, provocatrices qui interrogent notre monde. Vous n’êtes pas là pour nous divertir ou nous faire détourner le regard. C’est un face à face que vous nous proposez. Être critique, c’est suivre des pistes, des chemins qui ne filent pas toujours droit et essayer d’en rendre compte en se souvenant du passé, en pensant à l’avenir et en conjuguant le présent.

 C’est aimer les artistes, les acteurs, les musiciens, les danseurs, les metteurs en scène, les chorégraphes, les poètes, les dramaturges. Les aimer, c’est les suivre, ne pas les oublier. Être critique, c’est aimer les mots, les corps en mouvement, une partition et se laisser emporter par le vertige qu’ils procurent. Être critique, c’est aussi aimer la nuit. Bien souvent, la lumière jaillit de la nuit, ce lieu où tout est encore possible entre nous.

Artistes, vous nous invitez au voyage et nous, critiques, sommes les chroniqueurs de ces voyages que nous nous efforçons de faire partager

Je pourrais vous dire que nous traversons une période de fortes turbulences. Il y a des trous d’airs dans la démocratie, des trous d’air dans ce qui fait société. Chez Air France, on nous dirait de retourner à nos places et de boucler nos ceintures !  Nous sommes là pour nous souvenir que quand le trou d’air se fait sentir, il faut rester debout et ensemble. Parce que, j’en suis convaincue, le « nous » est toujours plus fort que le « je ».

D’aucuns aimeraient cantonner la culture au divertissement. Renoncer à faire partager les œuvres de l’esprit au plus grand nombre, c’est renoncer à ce grand service public de la culture qui est un des piliers de notre démocratie. C’est mépriser les artistes, le public et les spectateurs en devenir. Nous continuons de cultiver l’exception culturelle, cette exception si chère à Jack Ralite et à toutes celles et tous ceux qui l’ont vaillamment défendu avant nous. En saluant votre travail, votre engagement, ces prix que nous allons vous remettre aujourd’hui en témoignent.

Marie-José Sirach, présidente du Syndicat de la Critique théâtre-musique-danse.

LES LAURÉATS 2024

GRAND PRIX (Meilleur spectacle théâtral de l’année)
Le Voyage dans l’Estde Christine Angot, adaptation et muse en scène de Stanislas Nordey

PRIX GEORGES-LERMINIER (Meilleur spectacle théâtral crée en province)
Le Mandatde Nicolaï Erdman, adaptation et mise en scène de Patrick Pineau (Création aux Célestins – Théâtre de Lyon)

PRIX DE LA MEILLEURE CRÉATION D’UNE PIÈCE EN LANGUE FRANÇAISE
Cavalièresde Sarah Brannens, Karyll Elgrichi, Johanna Korthals Altes et Isabelle Lafon. Conception et mise en scène d’Isabelle Lafon

PRIX DU MEILLEUR SPECTACLE THÉÂTRAL ÉTRANGER (Ex aequo)
A Noiva e o Boa Noite Cinderela, de Carolina Bianchi (Brésil)
Les Émigrants, de W.G. Sebald, adaptation et mise en scène de Krystian Lupa (Suisse et France)

PRIX LAURENT-TERZIEFF (Meilleur spectacle présenté dans un théâtre privé)
Guerre, de Louis-Ferdinand Céline, mise en scène de Benoît Lavigne

PRIX DU MEILLEUR COMÉDIEN
Hervé Pierre dans Moman – Pourquoi les méchants sont méchants ?, de Jean-Claude Grumberg, mise en scène de Noémie Pierre, Hervé Pierre et Clotilde Mollet

PRIX DE LA MEILLEURE COMÉDIENNE
Noémie Gantier dans L’Art de la joie, d’après l’œuvre de Goliarda Sapienza, adaptation théâtre et mise en scène d’Ambre Kahan

PRIX JEAN-JACQUES-LERRANT (Révélation théâtrale de l’année)
Sébastien Kheroufi pour la mise en scène de Par les villages, de Peter Handke

PRIX DE LA MEILLEUR CRÉATION D’ÉLÉMENTS SCÉNIQUES
Emmanuelle Roy pour la scénographie de Neige, de Pauline Bureau

PRIX DU MEILLEUR LIVRE SUR LE THÉÂTRE
Armand Gatti, théâtre-utopie, d’Olivier Neveux. Ed. Libertalia

PRIX DU MEILLEUR COMPOSITEUR DE MUSIQUE DE SCÈNE
Reinhardt Wagner pour la musique de Zazie dans le métro, de Raymond Queneau, mise en scène de Zabou Breitman

MENTION SPÉCIALE
Une maison de poupée, d’Henrik Ibsen, mise en scène d’Yngvild Aspeli (Marionnettes)

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Classé dans Littérature, Rideau rouge

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