De Gaulle à La Fontaine…

Jusqu’au 09/03 pour l’un et le 22/02 pour l’autre, Lionel Courtot propose De Gaulle apparaît en songe à Emmanuel Macron au Dejazet, Camille Granville Foi d’animal au Théâtre du Soleil. Des bêtes politiques aux animaux du fabuliste, une satire mordante et farcesque du temps présent.

Jean-Marie Besset a écrit De Gaulle apparaît en songe à Emmanuel Macron, que met en scène Lionel Courtot au Théâtre Déjazet. Cette « fantaisie politique » installe donc face à face l’encombrante figure de « l’homme du 18 juin » confite dans l’histoire et celle, volatile, vibrionnante, de l’homme de la dissolution. En robe de chambre et pyjama rayé, il s’endort dans l’aile est de l’Élysée. Surgit le fantôme du Général. S’engage un dialogue, au cours duquel la haute existence passée de l’un va surplomber la vie présente aléatoire de l’autre. Les interrogations de Macron sur le monde actuel se heurtent au destin accompli du Général, qui eut affaire à des circonstances géostratégiques d’une envergure cardinale. Il le rappelle en brèves répliques, sur un ton paternaliste et bourru. Macron veut lui faire saisir, quitte à s’énerver, combien les enjeux ne sont plus les mêmes…

L’attraction gît dans l’aspect des deux personnages, dont il faut attraper la ressemblance. Stéphane Dausse en de Gaulle, cela devient sa spécialité. Dans une autre pièce de Besset, Jean Moulin, évangile, il endossait déjà la gestuelle économe et l’intonation singulière du modèle. C’est presque à s’y casser le nez. Nicolas Vial invente un Macron plausible, avec des sursauts d’égotisme exaspéré et exaspérant. La partition verbale est fidèle (sans doute trop) à ce que l’on sait du Général, car on pouvait espérer que cette rencontre de nuit soit « shakespearisée », c’est-à-dire plus mordante ou farcesque, au-delà du constat attendu.

Avec Foi d’animal !, la comédienne Camille Granville nous plonge à ravir, de façon neuve, dans l’univers des fables de Jean de La Fontaine. Elle en a choisi de peu connues : le cerf se voyant dans l’eau, le Rat et l’Huître, le Chat et les Deux Moineaux, les Deux Rats, le Renard et l’Œuf, etc… Sauf à la fin, en apothéose du spectacle, la Cigale et la Fourmi… Ces fables, elle les commente avec esprit, elle les théâtralise, par la mimique, la gestuelle, le dire inventif jusqu’au chant, avec l’épatante complicité de Michel Froehly à la guitare électrique, maître pince-sans-rire de riffs impayables. Jean-Pierre Léonardini

De Gaulle apparaît en songe à Emmanuel Macron : jusqu’au 09/03, du mardi au samedi à 20h30, les samedi et dimanche à 16h. Théâtre Déjazet, 41 boulevard du temple, 75003 Paris (Tél. : 01.48.87.52.55). Le texte édité chez l‘Aucèu libre.

Foi d’animal ! : jusqu’au 22/02, du jeudi au vendredi à 20h, les samedi et dimanche à 16h. Théâtre du Soleil, la Cartoucherie, Route du Champ de manœuvre, 75012 Paris (Tél. : 01.43.74.24.08).

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