Jusqu’au 20/05, à Cordes-sur-Ciel dans le Tarn (81), se tient l’exposition Le printemps de Pablo. Une cinquantaine d’œuvres du peintre de Guernica (affiches, unes de journaux, couvertures de livres), réalisées en faveur de la paix. Vive le printemps, vive Picasso !

Alors que le bruit des canons se fait plus assourdissant tout autour de la planète, admirer les colombes dessinées par Pablo Picasso met un peu de baume au cœur. Patrick Maurieres, ancien conseiller en communication et grand collectionneur d’affiches, nouvellement installé à Cordes-sur-Ciel dans le Tarn, a ouvert une galerie, la Maison Ladévèze. Pour l’inauguration, il a choisi d’exposer des dessins que le peintre a réalisés pour des affiches, des couvertures de journaux ou de livres en lien avec les causes qui lui tenaient à cœur : l’amitié entre les peuples, l’anticolonialisme, le communisme et bien sûr la paix.
Le pinceau contre le chaos
Pour ce faire, il a cherché tous azimuts : dans les vide-greniers, sur le Bon Coin, chez Emmaüs, auprès de ses connaissances… Il a dégoté une cinquantaine de pièces. Soutenue par le Mouvement de la Paix qui lui a offert deux grandes affiches et la mairie de Cordes-sur-Ciel, adhérente à l’Association française des communes, départements et régions pour la paix (AFCDR), l’expo a fière allure !

Du Picasso, ambassadeur de la paix, on pense forcément à son Guernica de 1937, peint après le bombardement de la ville basque par les nazis et les fascistes italiens. On aime se rappeler sa répartie face à un officier allemand lui demandant : « C’est vous qui avez fait ça ? » : « Non, c’est vous ! ». On revoit sa colombe de 1949 à l’occasion du premier Conseil mondial de la paix à Paris. Mais au-delà de ces œuvres, Picasso n’a eu de cesse de brandir son pinceau contre les guerres. Quelques exemples de sa foisonnante production pacifiste : en 1945, il peint Le Charnier après les découvertes des camps nazis ; en 1951, il crée Massacre en Corée où des hommes en armes visent des femmes et des enfants nus ; en 1952, installé à Vallauris, il réalise La Guerre et la Paix, deux immenses panneaux représentant la laideur de l’une et la beauté de l’autre, dans une chapelle de la ville, rebaptisée « Temple de la paix » ; à la fin de sa vie, il peint encore contre la guerre du Viêt Nam…
Des colombes à foison
« Que croyez-vous que soit un artiste, interrogeait-il en 1945, dans un entretien aux Lettres françaises. Un imbécile qui n’a que des yeux s’il est peintre, des oreilles s’il est musicien ou une lyre à tous les étages du cœur s’il est un poète, ou même, s’il est boxeur, seulement des muscles ? Bien au contraire, il est en même temps un être politique, constamment en éveil devant les déchirants, ardents ou doux mouvements du monde, se façonnant de toutes pièces à leur image… »

L’exposition Le printemps de Pablo, à Cordes-sur-Ciel, nous offre à voir des pièces originales où se déclinent à l’envi ses façonnages. Ainsi, l’affiche à la colombe du Congrès mondial de la Paix de 1949, Le foulard de la paix créé pour le Festival mondial de la jeunesse et des étudiants pour la Paix à Berlin en août 1951, le Relais de la jeunesse à l’occasion des Rencontres de la Paix à Nice en 1950. On pourra aussi admirer une lithographie de 1963 qui allait avec le bon de soutien pour la fête du journal communiste Le Patriote de Nice et du Sud Est, le dessin d’une danse de joie Vive la paix en une de l’Humanité Dimanche en juillet 1954 pour fêter le cessez-le-feu en Indochine… Mais aussi son magnifique Don Quichotte, dessiné pour le 350e anniversaire de la publication du roman de Cervantès dans Les Lettres françaises en 1955. « Confronter notre regard avec cet artiste, Don Quichotte du siècle dernier, est l’ambition de cette exposition », confie Patrick Maurieres.

Colombes, branches d’olivier, rondes joyeuses, bouquets de fleurs : l’exposition Le printemps de Pablo nous convie à retrouver tous ces motifs déclinés par l’artiste, devenus symboles. Vive la paix, vive le printemps et vive Picasso ! Amélie Meffre
Le printemps de Pablo : Jusqu’au 20/05, du vendredi au dimanche et à la demande. La Maison Ladévèze, 71 Grand rue Raymond VII, 81170 Cordes-sur-Ciel.





