Au centre culturel Pablo Picasso d’Homécourt (54), Julia Vidit présente Quatrième A (lutte de classe). Sur un texte de Guillaume Cayet, la révolte d’une bande d’élèves en rébellion contre l’ordre établi ! Sous couvert d’humour, la description d’un système scolaire en mal d’égalité.

Elle déambule, solitaire, entre chaises et tables de la Quatrième A… Normal, ses camarades de classe l’ont surnommée « la discrète », celle qui ne dit rien et ne se mêle de rien, celle qui pourtant voit tout et réfléchit beaucoup ! En fait, la gamine ne se satisfait guère de l’ambiance qui règne dans l’établissement scolaire : un proviseur dépassé par ses responsabilités, un délégué de classe qui se verrait bien calife à sa place, des professeurs plus ou moins conciliants, un élève nouvellement arrivé qui se la joue forte tête par rapport aux sanctions injustifiées. Plus grave : la tentative de suicide d’une élève qu’Emma la discrète découvre ensanglantée dans les toilettes ! La révolte gronde sur les rangs, elle nous conte le fil des trois jours qui ont précédé l’explosion.

Au premier rang de la classe, les forts en thème, au fond bien sûr les rigolos et dépassés par les études, au milieu les garçons et filles qui suivent les cours envers et contre tout… Emma est du lot, qui présente chacune et chacun à la place qu’il ou elle occupe entre les murs. Mais pas que : il y a aussi les pions qui se la jouent parfois gros bras, les profs qui prononcent des exclusions à la tête du client, le délégué de classe qui ne cache pas ses ambitions personnelles. La partition de Guillaume Cayet, allègrement mise en scène par Julia Vidit, au-delà des péripéties racontées par le menu, pointe en réalité les multiples dysfonctionnements de l’institution scolaire au regard des attentes des élèves : une authentique prise en compte de leurs aspirations, le respect de leurs paroles, leur désir d’autonomie. Quelques maladresses certes, il n’empêche, la bande de jeunes comédiens se révèle convaincante dans son propos. Enthousiaste à l’idée de bien dire et faire, intrépide dans les multiples changements de personnages et de costumes, dynamique et virevoltante dans la maîtrise de l’espace.

Avec force humour et une grosse pointe d’autodérision, s’inspirant de Zéro de conduite, le film de Jean Vigo tourné en 1933 mais interdit jusqu’en 1946, la pièce dresse un peu banal portrait de nos jeunes têtes pensantes du troisième millénaire. Décidées à prendre le pouvoir, organiser un bal sur le toit du collège, pour signifier leur souhait d’un mieux vivre ensemble ! Yonnel Liégeois
Quatrième A (lutte de classe), Julia Vidit : Le 04/04, à 14h30 et 20h30. Centre culturel Pablo Picasso, Place Général Leclerc, 54310 Homécourt (Tél. : 03.82.22.27.12).





