Fragile et attachante ménagerie !

Jusqu’au 01/06, au Lucernaire (75), Philippe Person propose La ménagerie de verre. Le premier grand succès de Tennessee Williams, avec des comédiens sensibles et attachants. Un univers familial banal, mais plutôt déglingué. Sans oublier la 12ème édition de la Biennale internationale des arts de la marionnette  organisée en Île-de-France par le théâtre Mouffetard.

Quelque chose ne tourne pas rond chez les personnages de cette Ménagerie de verre, écrite en 1944 par un auteur jusque-là méconnu, un certain Thomas Lanier Williams III pour l’état civil. Tennessee Williams, c’est son nom de plume, devient célèbre du jour au lendemain avec ce texte, pensé d’abord pour le cinéma. Il a trente-quatre ans. S’enchaînent alors les succès et les récompenses, comme pour le toujours célèbre Tramway nommé désir, joué 885 fois à New York puis porté à l’écran par Elia Kazan. Tennessee Williams est un auteur prolifique, en même temps qu’un homme qui affronte la vie avec difficulté. S’en suivent traitements médicaux, vie sentimentale tendue, drogue et boisson…

Entre fiction et monde réel

Son œuvre en témoigne, dès cette Ménagerie de verre, souvent présentée comme en bonne partie autobiographique. Le père de Tennessee était un homme imprévisible et celui évoqué dans la pièce en est un reflet aux contours acides. Sur la scène du Lucernaire, la photo accrochée au mur pourrait être la sienne. C’est en fait celle de l’auteur, ce qui a pour effet d’accentuer l’intimité, la proximité entre la fiction et le monde réel. La mise en scène de Philippe Person veille à cette sensibilité confortée par le jeu des acteurs.

Tom Wingfield, interprété par Blaise Jouhannaud, travaille dans le service des expéditions d’une usine de chaussures. Comme l’auteur dans sa jeunesse. Tom veut fuir sa condition misérable et l’univers familial, souvent drôle mais étouffant. Le soir, il dit aller au cinéma. Peut-être ment-il ? Peut-être va-t-il retrouver quelque ami ou compagnon d’infortune ? Amanda Wingfield, la mère, interprétée par Florence Lecorre, tente de maintenir le groupe à flot. Tâche ardue depuis la fuite du père. Alors elle se réfugie dans son passé, quand elle savait parler aux garçons et les ensorceler. Mais c’était hier. Avant-hier même. Aujourd’hui, il est plutôt question de caser Laura, interprétée par Alice Serfati. La jeune fille boitille, mais surtout souffre d’une timidité paralysante. Ce qui ne rebuterait pas Jim (Antoine Maabed) jeune homme invité un soir, mais déjà engagé auprès d’une autre demoiselle.

Pas désespérés, juste broyés

Laura n’est pas en phase avec les espoirs des uns et des autres. Elle n’est pas une demeurée, juste une jolie jeune fille perdue dans le monde. Tom essaie d’exister sans éteindre trop tôt sa jeunesse, Amanda tente toujours d’éviter le naufrage. Même si elle sait qu’elle écope parfois le Titanic avec une petite cuillère… On l’aura compris, et ce n’est pas dévoiler un peu plus l’intrigue, que de dire que rien ne va en s’améliorant. Il faut souligner le dynamisme et la délicatesse du jeu de chacun, jamais réduit à des inadaptés à la vie sociale. Les personnages de cette ménagerie ne sont pas désespérés, rien que broyés par une société où les salaires sont misérables, les emplois rares et les rêves vraiment innombrables. Gérald Rossi, photos Juliette Ramirez

La ménagerie de verre, Philippe Person : jusqu’au 01/06, du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 17h30. Le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame des Champs, 75006 Paris 6e (Tél. : 01.45.44.57.34).

La marionnette dans tous ses états

Jusqu’au 28/05, le théâtre Mouffetard (Centre national de la marionnette) organise la 12ème édition de la Biennale internationale des arts de la marionnette. Des spectacles qui font la part belle à la création contemporaine, engagée et militante, à voir à Paris ou en divers lieux d’Île-de-France : Pantin, Noisy-le-Sec, La Courneuve, Montreuil. Fontenay-sous-Bois, Ivry-sur-Seine. Réservation sur place ou au Théâtre Mouffetard, 73 rue Mouffetard, 75005 Paris (Tél. : 01.84.79.44.44).

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