Au théâtre Le Lucernaire (75), Florence Le Corre et Philippe Person mettent en scène Un fil à la patte. Le premier grand succès populaire de Georges Feydeau. Avec des comédiens endiablés issus de l’école parisienne du théâtre du Lucernaire.

Fernand de Bois-d’Enghien n’est pas un joli coco. Mais il a belle allure, il sait embobiner femmes et familles. Pour preuve, ce soir il doit épouser la charmante et désabusée Viviane Duverger, fille de la baronne du même patronyme. Mais parce que ce Bois-d’Enghien est un couard, il ne dit rien à son amante du moment, la belle et charmante Lucette Gautier, chanteuse de son état et réellement amoureuse du bonhomme. Voilà pour l’intrigue de ce Fil à la patte, premier succès populaire de Georges Feydeau. Pour peu que la mécanique soit bien huilée, il faut dire que la pièce est une succession de gags et de quiproquos d’une drôlerie absolue. La mise en scène de Florence Le Corre et Philippe Person, de facture certes classique, développe tous les atouts du succès. Avec ce Fil, le théâtre parisien du Lucernaire propose un spectacle rafraîchissant jusqu’à la fin du mois de juillet.
Un vaudeville haut de gamme
Le soir de notre venue, les personnages, plus ébouriffants les uns que les autres, étaient interprétés par Nina Bard-Bonnet, Faïrouzou Anli, Julien Jansen, Julien Bottinelli, Jean-Gérald Dupau, Alexandre Jaboulet, Mathilde Réchaux, April Civico et Théo Brugnans. Trois équipes jouent en alternance, tous issus de l’école du Lucernaire, que dirige Philippe Person. Personne ne rechigne à la peine, et le succès est au rendez-vous. Feydeau, qui se plaisait à raconter qu’il pourrait bien être le fils de Napoléon III – ce que lui aurait dit sa mère née Leokadia Bogusława Zalewska – plutôt que celui de l’écrivain Ernest Feydeau, a toujours écrit des farces. Après quelques années sans éclat au théâtre, l’auteur renoue avec le succès dès 1886 avec Tailleur pour dames. Viendront ensuite d’autres pièces toujours reprises comme Monsieur chasse, Le système Ribadier, La dame de chez Maxims, etc… Mais déjà, Un fil à la patte possède tous les ingrédients du style « vaudevillesque », caractérisé par des situations sans grande profondeur psychologique. Les maris (cocus) y sont légion, comme les épouses sans complexe, et des pièces comme On purge bébé ou bien encore Mais ne te promènes donc pas toute nue en sont de beaux exemples.

Les mœurs sont légères dans le vaudeville et les portes claquent souvent. C’est ainsi que Bois-d’Enghien se retrouve en caleçon (long) sur le palier de son appartement avec la clé à l’intérieur. Mais ces morceaux de bravoure ne sont cependant pas dénués de critique. Car c’est bien la société de son temps que vilipende gentiment l’auteur. En montrant que c’est l’argent et le brillant du paraître dans le beau monde qui guide la plupart des protagonistes. En fait, seule Lucette est sincère et donc malheureuse dans cette aventure. Gérald Rossi, photos Raphaei Marchand
Un fil à la patte, Florence Le Corre et Philippe Person : jusqu’au 27/07, du mercredi au samedi à 20h, le dimanche à 17h. Théâtre Le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame des Champs, 75006 Paris (Tél. : 01.45.44.57.34).





