Le triptyque de Mickaël Délis

Au théâtre de la Scala (75), de septembre à janvier 2026, Mickaël Délis propose sa Trilogie du troisième type : Le premier sexe ou la grosse arnaque de la virilité, La fête du slip ou le pipo de la puissance, Les paillettes de leur vie ou la paix déménage. Avec humour et sincérité, un triptyque consacré aux mecs dominants mais dépassés.

Et de trois ! Sans doute que la boucle n’est pas définitivement bouclée, mais Mickaël Délis a déjà fait un beau trajet sur le chemin du seul en scène passionné et disons-le passionnant. Avec Les paillettes de leur vie ou la paix déménage, il présentera en effet, début octobre, le volet trois du triptyque engagé dès 2022 sur les planches. Avec comme point de mire les états affectifs, déroutants, insupportables, dérisoires, charmants, touchants… des mâles. Reprise le 09/09 au théâtre de la Scala, l’aventure a débuté avec Le premier sexe, ou la grosse arnaque de la virilité. Elle s’est poursuivie par La fête du slip ou le pipo de la puissance. Et voilà Les paillettes avec toujours la même autodérision, la même sensibilité à fleur de peau, la sincérité et la naïveté d’un garçon un peu perdu, errant dans l’univers des hommes blancs dominants. Dans une société où le patriarcat a forgé des générations dressant des barrières entre les sexes, les genres et les rôles de chacun (e) dans un univers toujours verrouillé.

Dans ce récit à la fois autobiographique et très écrit, Mickaël Délis a mis les choses au point dès le commencement. Il n’a pas toutes les réponses aux questions qu’il pose, mais au moins, lui, l’homosexuel revendiqué, ose les poser. Avec un beau talent de comédien, mais aussi avec beaucoup d’humour. Et de tendresse aussi, comme en témoigne l’hommage à sa maman récemment disparue. Ce très beau moment qui clôt le spectacle gagnerait d’ailleurs à être un peu abrégé et introduit avant la fausse fin, pour ne pas égarer le spectateur qui risque de perdre un peu le fil de la narration. Comme à chaque fois, il interprète les différents personnages qui surgissent sur la scène, certains comme de jolis diables qui déclenchent des cascades de rire. Sa mère occupe une incontournable place dans cette galerie. Quelques attitudes, un tissu, suffisent à la rendre présente, attachante et horripilante souvent, vraie en un mot. Le père est un absent, fauché lui aussi par la maladie.

C’est dans un hôpital parisien que débute ce troisième volet. Mais dans ce lieu il est aussi question d’offrir la vie, par le truchement du service du don de sperme. Pour faire face à une pénurie de donneurs, voilà notre comédien qui se porte volontaire. Au Cecos, c’est-à-dire le Centre de conservation des œufs et de la semence humaine, on lui demande aussi, c’est la nouvelle législation, s’il veut bien écrire une lettre aux enfants qui naîtront éventuellement de son don. Que peut-il exprimer, lui qui en vérité ne souhaite pas ou plus enfanter ? Enfin, lui ou l’un de ses doubles dont il campe les doutes et les craintes, les colères devant la naissance, et surtout l’angoissante responsabilité de s’engager pour au moins vingt ans d’éducation.

 Mickaël Délis ne se veut pas passeur de recettes, ni d’angoisses. Il veut porter un regard lucide sur l’univers masculin bouleversé de ses contemporains, avec forcément un effet de miroir. Le résultat est franchement réjouissant. Gérald Rossi

La trilogie du troisième type, Mickaël Délis : Le premier sexe (du 09/09 au 30/12), La fête du slip (du 12/09 au 31/12) et Les paillettes de leur vie (du 03/10 au 03/01/26). Théâtre de la Scala, 13 boulevard de Strasbourg, 75010 Paris (Tél. : 01.40.03.44.30).

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