Du 24/09 au 04/10, à Limoges (87), les Zébrures d’automne fêtent la francophonie. Durant dix jours, la capitale du Limousin s’affiche comme la ville-monde de la planète francophone. De la Palestine aux Antilles, de l’Iran à la Tunisie entre créations théâtrales et débats littéraires, saveurs épicées et paroles métissées.

Il y a mille raisons de se rendre à Limoges : la découverte de la « ville rouge », lieu mythique de puissantes luttes ouvrières et siège constitutif de la CGT en 1895… La découverte de la ville d’art, reconnue mondialement pour ses émaux et sa porcelaine depuis le XIIème siècle… La découverte, enfin, de l’espace francophone imaginé il y a plus de quarante ans, sous l’égide conjuguée de Monique Blin et Pierre Debauche, alors directeur du Centre dramatique national du Limousin ! Reconnus aujourd’hui sur la scène théâtrale, de jeunes talents y ont fait leurs premiers pas : Robert Lepage, Wajdi Mouawad… Désormais rendez-vous incontournable à l’affiche de l’hexagone, le festival des Francophonies, « Des écritures à la scène », impose sa singularité langagière et sa richesse culturelle. De l’Algérie à la Nouvelle-Calédonie, de la Palestine à l’Irak, du Burkina Faso au Congo, du Liban à la Tunisie, de la Syrie au Maroc, de la Guyane à la Martinique, de l’Égypte à l’Iran, du 24 septembre au 04 octobre, ils sont venus, ils sont tous là !

« Qu’un grand rendez-vous destiné aux auteurs et autrices dramatiques des cinq continents d’expression francophone puisse se tenir hors Paris constituait déjà un exploit, qu’il s’impose au fil du temps comme une référence mondiale pouvait relever de l’utopie ! », témoigne avec fierté Alain Van der Malière, le président des Francophonies. Désormais, aux côtés de la nouvelle Cité internationale de la langue française de Villers-Cotterêts et du réseau actif constitué avec la Cité internationale des arts de Paris et La Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, « il est absolument nécessaire de protéger cette halte singulière qui nous apprend ou nous rappelle cette manière poétique d’être au monde » selon le propos de Felwine Sarr énoncé l’an passé. Aussi, pour les autochtones et tous les amoureux des belles lettres comme de la belle langue, aucune excuse ou faux alibi pour manquer ce rendez-vous d’automne : au menu rencontres, débats, expos, lectures, musique, cinéma et théâtre. Autant de propositions artistiques pour célébrer la francophonie et son pouvoir de création, de mots accouchés en mots bigarrés dans une riche palette multiculturelle !

Hassane Kassi Kouyaté, le directeur et metteur en scène, le souligne à juste titre, et sans fausse modestie, depuis plus de quarante ans et dans la grisaille d’aujourd’hui, « les Francophonies ont toujours refusé l’obscurantisme et le chauvinisme pour prôner les cultures du monde pour tout le monde« . Artistes venus de plus d’une vingtaine de pays, « l’écho des armes et les souffrances humaines résonnent, c’est assourdissant », constate avec douleur le maître burkinabè, descendant d’une famille de griots. « Ce festival est donc plus que jamais nécessaire. Il est un miroir tendu à l’humanité (…), un espace où les peurs peuvent être nommées et les espoirs, même les plus utopiques, peuvent éclore« . Qui, entre sagesse et folie, a composé encore une fois une programmation très riche, le regard tourné derechef vers le Moyen-Orient et le Maghreb : du formidable Kaldûn d’Abdelwaheb Sefsaf qui nous mène d’Algérie en Calédonie au Cœur ne s’est pas arrêté de François Cervantes en pleine guerre du Liban, du Bois diable d’Alexandra Guenin où croyances ancestrales et mémoire coloniale se rencontrent à Iqtibas de Sarah M. à l’heure où tremblement de terre et douleurs des sens se percutent, de Sogra d’Hatem Derbel en quête de la terre promise aux Matrices de Daniely Francisque quand les corps se souviennent de l’enfer esclavagiste.

En ouverture de cette 42ème édition des Zébrures d’automne, le 24/09 à 15h, trois conteurs (Halima Hamdane, Ali Merghache, Luigi Rignanese) nous offriront leurs Racines croisées. Trois voix métissées pour nous embarquer dans des histoires de voyages et de rencontres autour de la Méditerranée… Les créations théâtrales qui scandent les temps forts du festival se déploient de la Maison des Francophonies à l’Espace Noriac de Limoges, de l’auditorium Sophie Dessus d’Uzerche aux Centres culturels municipaux, du Théâtre de l’Union au théâtre Jean Lurçat d’Aubusson, de l’Espace culturel Georges Brassens de Feytiat à la Mégisserie de Saint-Junien. Le 04/10, en clôture du festival sur la scène du Grand théâtre de Limoges, résonneront chant et oud, cuivres et percussions, cultures yoruba et jazz : l’iranien Arash Sarkechik et son second opus Bazaari, la fanfare Eyo’Nlé dans l’héritage des musiques de rue, le Bladi Sound System qui mêle grooves-beats et mélodies d’un Orient réinventé ! Trois concert qui mélangent avec force et puissance, grâce et beauté, styles panafricains, accords orientaux et harmonies pop contemporaines.

Outre la remise du Prix SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) de la dramaturgie francophone et du Prix RFI Théâtre, parmi moult débats à l’affiche de cette 42ème édition, le directeur Hassane Kassi Kouyaté s’entretiendra avec Omar Fertat, maître de conférences à l’université Bordeaux-Montaigne. Le thème ? Les enjeux de la création artistique autour de cette mythique mer Méditerranée qui lie les continents au passé, au présent et pour le futur. De cinq à vingt euros pour tous les spectacles, l’expérience initiée en 2024 est reconduite : les tarifs d’entrée sont libres, sans justificatif d’âge ou de ressources. En fonction des possibilités de chacun pour que toutes et tous, sans barrières ni frontières, puissent partir à la découverte d’autres horizons, osent emprunter ces chemins de traverse qui ouvrent à l’imaginaire, à l’autre, à l’ailleurs… Les Francophonies de Limoges ? Un hymne au Franc parler où l’on danse et chante le Tout-Monde selon le regretté Édouard Glissant, l’humanité créolisée et la fraternité partagée. Yonnel Liégeois
Les Francophonies, des écritures à la scène : du 24/09 au 04/10. Les zébrures d’automne, 11 avenue du Général-de-Gaulle, 87000 Limoges (Tél : 05.55.10.90.10).

« Le monde entier vient à Limoges pour créer de nouveaux espoirs en termes de création mais aussi d’ouverture des esprits et d’ouverture des cœurs (…) Limoges est le seul lieu de création théâtrale francophone (…) Notre objectif ? Que celles et ceux qui participent au festival en ressortent différents, qu’ils fassent toutes les découvertes qu’ils souhaitent. L’argent ne peut être un frein ». Hassane Kassi Kouyaté, metteur en scène et directeur





