En souvenir de Momo…

Aux éditions du Poutan, Grégori Baquet publie Momo & Cérébos ou « la vie d’mon père ». Momo, c’est le pseudonyme de Maurice Baquet (1911-2005), violoncelliste virtuose, chasseur alpin, clown musical, artiste de cabaret à la grande époque. Et quoi, encore ? Partenaire de Tino Rossi et de Luis Mariano dans les opérettes de Francis Lopez, compagnon du beaujolais, skieur aguerri, alpiniste de haut vol…

Son fils, Grégori Baquet, comédien et chanteur (les chiens ne font pas des chats) lui consacre un livre épatant, Momo & Cérébos. Cérébos ? Son violoncelle, inséparable compagnon, dont le patronyme est né d’un jeu de mots. Momo décida d’ainsi le nommer, au vu de la marque de la boîte de sel posée sur la table familiale : « Le violon-sel Cérébos »Le ton est donné, de l’évocation enjouée d’un père si aimable et tant aimé. Momo, dans les années 1930, aux côtés des frères Prévert, de Marcel Duhamel, de Raymond Bussières, de Roger Blin et tutti quanti, est du fameux groupe Octobre, où se pratique l’agit-prop en lien avec le Parti communiste français.

Maurice Baquet aura plus de 80 films à son actif, le premier ayant été, en 1935, les Beaux jours, de Marc Allégret. En 1936, il est dans ce chef-d’œuvre de Jean Renoir, vrai signe du temps d’alors, le Crime de monsieur Lange et, du même, dans les Bas-Fonds. Il tournera avec André Cayatte, Jean-Paul Le Chanois, Jean Grémillon, Louis Daquin, Billy Wilder, Christian-Jaque, Jacques Feyder, Marcel Carné, Jacques Becker… La liste est vertigineuse – idem pour la télévision et le théâtre – de la comédie familière au drame social. Son esprit loustic l’a prédestiné à incarner Bibi Fricotin à l’écran, ainsi que le Pied nickelé Ribouldingue.

Grégori Baquet fait, à juste titre, la part belle au culte de l’amitié vécu par son père, avec Robert Doisneau, entre beaucoup d’autres,qui a laissé de Momo d’admirables portraits photographiques en noir et blanc. Autre fraternité, celle de la montagne, au premier rang de laquelle trône Gaston Rébuffat, ce roi de la grimpe avec qui Momo a gravi des sommets d’anthologie. En témoignent les films Étoiles et tempêtes (1955) et Entre terre et ciel, qui relate l’ascension de la face sud de l’aiguille du Midi, dans la voie qu’ils ouvrirent de concert. Momo & Cérébos, chronique familiale et bel exercice d’amour filial fertile en anecdotes, est joliment illustrépar des dessins de Ludovic Pozas. François Morel, en préface, note que la principale qualité de Maurice Baquet était d’être « doué pour la vie »Ce sera aussi notre conclusion. Jean-Pierre Léonardini

Momo & Cérébos ou « la vie de mon père », de Grégori Baquet, illustrations de Ludovic Pozas, préface de François Morel (éditions du Poutan, 94 p., 18€).

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