Jusqu’au 27/11, au Moulin de Mézières-en-Brenne (36) s’exposent les œuvres de trois lauréates du 38ème salon des peintres de la Brenne. Françoise Lauchet, Brigitte Vallin, Isabelle Prost : trois femmes et artistes, trois univers et techniques.
Les premiers pas dans la salle d’exposition du Moulin conduisent devant les tableaux de Françoise Lauchet. Le réalisme des portraits laisse pantois. Difficile de quitter le regard saisissant de cet Afghan… Grâce à une rencontre avec Lionel Asselineau, maître pastellliste, Françoise Lauchet manie également le pastel pour peindre des animaux et des natures mortes.
Viennent ensuite les aquarelles de Brigitte Vallin, à la tonalité délibérément douce. Ses tableaux restituent à merveille la sérénité des paysages de la Brenne. Elle se consacre à l’aquarelle depuis plus de 20 ans et peint d’après photos ou en extérieur. Elle est actuellement responsable d’un atelier de peinture sans professeur où s’entraident des participants amateurs et passionnés
Une fois quitté les œuvres accrochées aux murs, la déambulation entraîne le visiteur à proximité des sculptures en céramique d’Isabelle Prost. Des animaux criants de vérité, le regard attiré par ses statuettes « kiss,kiss ». Une façon de montrer qu’il n’est pas d’ennemis irréconciliables. « Loup-brebis », « Chien-lièvre », « Chat-souris », se bécotent sous des apparences quasi humaines. Isabelle Prost, artiste sculptrice, expose ses œuvres dans son atelier « Cut garden » (jardin mignon en anglais), à Lusignan dans la Vienne.
La visite s’impose, elle vous offrira un peu de tendresse dans ce monde de brutes. Philippe Gitton
Les peintres de la Brenne, jusqu’au 27/11 : Entrée libre, les mardi-mercredi et vendredi de 14h à 18h, les jeudi et samedi de 9h30 à 12h30 et de 14h à 18h. Le moulin, 1 rue du Nord, 36290 Mézières-en-Brenne (Tél. : 02.54.38.12.24).
En région de Brenne (36), du 20 au 24/10, se déroule le traditionnel festival de contes La clef dans le sac. Comme chaque année, la programmation n’exclut personne. Pour petits ou grands enfants, tout le monde y trouvera son conte !
Le festival La clef dans le sac s’ouvre avec un premier spectacle, réservé aux adultes et présenté le lundi 20/10 à 20h, salle des fêtes de Martizay. Colette Migné interprétera Le cri d’amour de l’huitre perlière, une création érotico-délirante sur la reproduction des mollusques et des crustacés. Costumière, actrice-clowne, conteuse, elle anime des stages clown et conte, elle accompagne des conteurs dans leur création pour la mise en scène et le travail du texte. Elle a suivi une formation en clown avec Don Jordan, Amédée Bricolo, les Karamazones, André Riot-Sarcey, et les Bataclowns. Le public la retrouvera le lendemain, le mardi 21/10 à 20h, dans Contes pour rire (à partir de 7 ans) à la médiathèque du Blanc.
Le mercredi 22/10 à10h30, Sophie Verdier prendra le relais pour Loulou, un spectacle très jeune public (0 à 3 ans) présenté à la médiathèque de Mézières-en-Brenne. L’après-midi à 15h, en ce même lieu, elle s’adressera aux enfants de 3 à 6 ans avec Vive le coquettes. Enfin, le jeudi 23/10 à 10h30, le jeune public (1 à 5 ans) sera concerné par Piti Piou. C’est d’abord comme comédienne que Sophie monte sur les planches. Très vite, le conte s’impose à elle comme une évidence. Dans ses récits se mêlent les mots, le chant, la musique et le clown n’est jamais très loin. Elle pose un regard drôle et pétillant sur le monde et ses histoires sont peuplées de personnages joliment déjantés. Les filles ont la part belle et dépoussièrent les contes sans avoir besoin de balayer.
Pour la première fois, la salle des fêtes de Saulnay accueille le festival. Elle ouvrira ses portes à Émilie Renoncet et Louise Toyer, le 23/10 à 15h, pour un public familial. C’est y possible emmènera le public dans l’univers de la « Fraisie » paysanne. Conteuses et chanteuses berrichonnes, Émilie et Louise s’allient pour faire sonner cette parole avec leur langue d’aujourd’hui.
Le vendredi 24/10, le dernier jour de La clef dans le sac sera réservé à Victor Cova Corréa. À partir de 5 ans, à 10h30 en la médiathèque d’Azay-le-Ferron, tout le monde pourra écouter Chiqui chiqui, riqui riqui miaou miaou. Le soir à 20h00, salle des fêtes d’Azay-le-Ferron, il récidive avec Picaflor quitapesares (à partir de 12 ans). Il est un artiste, citoyen du monde à la double nationalité française et vénézuélienne. Né à Caracas, ville de son enfance, il grandit dans les Andes au côté d’un grand-père cordonnier ambulant qui était aussi docker, marcheur inépuisable, inventeur d’histoires, ami du petit peuple et compagnon des épaves humaines. C’est le grand-père Temistocles qui lui apprit l’alchimie du sourire lumineux et du regard bavard. Conteur et réalisateur, Victor aime observer les réalités trop amères pour être entendues. Au final, il les baigne dans le miel d’un récit afin de les rendre plus digestes. Philippe Gitton
La clef dans le sac, du 20 au 24/10 : le festival est organisé par la communauté de communes « Cœur de Brenne », les médiatèques d’Azay-le-Ferron, Martizay et Mézières-en-Brenne. Spectacles « jeune public » en journée : 3 € pour les adultes, gratuit pour les moins de 10 ans. Spectacles tout public en soirée : 5 €, 3 € tarif réduit. Réservation conseillée (Destination Brenne : 02.54.28.20.28. Médiathèques d’Azay 02.54.29.40.97), du Blanc 02.54.28.05.20, du Martizay 02.54.37.87.86, de Mézières 02.54.38.12.67).
Aux éditions la Bouinotte, Sylviane Van De Moortele publie Maternité(s) en colère, le combat pour la maternité du Blanc. En 2018, l’annonce de sa fermeture provoque une immense émotion parmi la population de la sous-préfecture de l’Indre (36). Entre heures glorieuses et moments d’épuisement, un récit palpitant.
Dans son ouvrage Maternité (s) en colère, le combat pour la maternité du Blanc, Sylviane Van de Moortele entraîne le lecteur au cœur d’une mobilisation, sans doute jamais connue dans la sous-préfecture de l’Indre. Elle décrit la succession des événements à partir de la création, en juin 2018, du collectif « cpasdemainlaveille », qu’elle suit pas à pas. L’existence de ce mouvement répond d’abord à une frustration. « Un constat s’impose : ce qui ne leur convient pas dans les manifestations statiques telles que celle du 18 juin, c’est que cela ne se voit pas. Il y a des discours mais rien ne permet aux participants présents d’exprimer leur colère. Seuls les élus et les organisateurs ont droit à la parole ». L’acte fondateur de la mobilisation ? L’invitation à la population d’assister à un simulacre d’accouchement sur la voie publique ! Une mise en scène provocatrice qui vise à marquer les esprits.
Dès lors le collectif n’aura de cesse de redoubler d’imagination pour inventer des formes d’actions percutantes. Un seul objectif : visibiliser la protestation, en attirant les médias. Parmi les expressions les plus frappantes, la très visuelle présence des Servantes Écarlates lors d’initiatives publiques. Des femmes défilent, vêtues de capes rouges, la tête baissée et couverte d’une coiffe. Des personnages inspirés d’un livre de science-fiction où les femmes sont des esclaves sexuelles, exclusivement réservées à la reproduction. Depuis, les Servantes Écarlates symbolisent la lutte pour la condition féminine. Assurer un service de qualité pour les accouchements relève en premier lieu du respect de la santé et du droit des femmes. Exigence pour la future maman, le bébé à venir, et… le papa ! Moult raisons pour que la défense d’une maternité de proximité soit une revendication portée tant par les femmes que par les hommes.
Aussi retrouvera-t-on les unes et les autres au coude à coude dans toutes les actions. Ensemble, elles et ils décideront d’investir les locaux de la maternité suite au cadenassage de la salle d’accouchement. Une occupation jour et nuit, qui durera onze jours. En décembre 2018, temps fort de la mobilisation avec la Marche des oreilles qui mènera les manifestants du Blanc à Paris. Symboliquement, les marcheuses et marcheurs veulent offrir à Macron des oreilles, puisqu’il ne les entend pas. « En trois semaines tout était prêt pour le départ. Les compétences des uns et les réseaux des autres ont été fortement sollicités. Il a d’abord fallu cerner un itinéraire qui passerait obligatoirement par Châteauroux et Orléans (les deux cités administratives de référence pour l’Indre) et le tronçonner en portion de vingt à trente kilomètres, distance journalière réalisable pour des marcheurs non émérites, trouver pour chaque journée de marche un lieu abrité pour la halte du déjeuner de midi et surtout, une ville ou un village qui accepte d’héberger l’équipée pour l’étape du soir ».
L’opération sera sans doute l’une des plus médiatisées, suscitant un vaste soutien de l’opinion publique et l’intervention de nombreux responsables politiques. Dans le livre de Sylviane Van de Moortele, elle reste cependant une action parmi tant d’autres. C’est précisément cette multitude d’interventions, relatées avec précision, qui donne toute sa force à un ouvrage enrichi de nombreux témoignages, pris sur le vif. Des personnes impliquées dans cette bataille expriment leur ressenti. Enthousiasme, colère, espoir, déception. Toute une palette de sentiments partagés par des hommes et des femmes fermement décidés à obtenir gain de cause.
Maternité (s) en colère montre à quel point ce mouvement a soulevé des enjeux dépassant le simple cas de la maternité du Blanc. Un collectif de citoyens sans « chef » a fait l’expérience d’un fonctionnement démocratique. Il a prouvé qu’il était possible de gérer des organisations lourdes, de se faire entendre des médias et des dirigeants, de porter des revendications touchant une grande partie de la population française ( développement des territoires ruraux, présence des services publics), de dénoncer les double langages et les mensonges des gouvernants, d’élaborer des propositions.
Si au final, la maternité ne fut pas réouverte, l’expérience accumulée tout au long de ce mouvement n’est pas sans suite. Elle a donné naissance à Carte Blanche qui « s’installe en lieu et place du quartier général de cpasdemainlaveille dont il est l’émanation directe. Ici naît un projet collectif et citoyen porté par des habitants à qui on a confisqué un service public majeur, mais qui n’ont jamais accepté la défaite ». Loin d’être l’album nostalgique d’une cause perdue, le livre ouvre des réflexions pour la construction d’une démocratie réinventée et d’une citoyenneté active. N’est-ce pas l’urgence du moment ? Philippe Gitton
Maternité (s) en colère, le combat pour la maternité du Blanc, Sylviane Van de Moortele (232 p., 21€). Éditions La Bouinotte, 26 rue de Provence, 36000 Châteauroux (Tél. : 02.54.60.08.06). Les photos sont issues de différents sites : Transrural intitiatives, Organisez-vous et le quotidien régional La Nouvelle République.
Du 18 au 20 juillet, sous la houlette de la pianiste Irina Kataeva-Aimard, le Manoir des arts de Jaugette (36) organise son traditionnel festival de musique. Au cœur du parc naturel de la Brenne, entre portées de notes et ambiances ludiques, à l’heure de l’enfance.
En cet été 2025, du 18 au 20/07, les mondes de la musique et de l’enfance vont se conjuguer en un original projet poétique et ludique ! Une authentique invitation à l’évasion, marque de fabrique du festival de Jaugette depuis 2012... Rien ne prédestinait Irina Kataeva-Aimard à diriger de telles rencontres musicales : la pianiste a grandi à Moscou, au sein d’une famille d’artistes. « J’ai eu la chance de baigner dans un environnement fabuleux », elle le reconnaît bien volontiers, « parmi les invités de mes parents, il y avait des gens comme Samson François ». Son père, Vitali Kataev, était chef d’orchestre et sa mère, Liouba Berger, musicologue. Un univers pour le moins favorable au développement de l’expression artistique, tel fut le chemin emprunté par Irina qui s’initie très jeune à la musique et notamment aux créations contemporaines. Fervente admiratrice de la musique de Messiaen, dès les années 1980 elle interprète ses œuvres dans de nombreux lieux de culture de l’ex-URSS. En France où elle s’installe en 1985, et un peu partout dans le monde, elle multiplie concerts et festivals, jouant Prokofiev, Scriabine, Chostakovitch.
Elle devient une sorte de pianiste attitrée des compositeurs contemporains russes, tels Alexandre Rastakov ou Edison Denisov. Elle rencontre et travaille avec Pierre Boulez et Olivier Messiaen. Au début des années 2000, elle enregistre les œuvres de plusieurs compositeurs contemporains européens. Son talent et son expérience l’autorisent naturellement à transmettre son savoir : elle enseigne au Bolchoï le répertoire des mélodies françaises aux jeunes chanteurs russes, elle est par ailleurs professeur titulaire de piano au Conservatoire à rayonnement départemental Xenakis d’Évry Grand Paris Sud.
Et puis… Les hasards de l’existence la conduisent dans le parc naturel régional de la Brenne. Coup de cœur pour un manoir datant des XVème et XVIIème siècles : Irina trouve à Obterre plus qu’un lieu de villégiature, surtout un cadre propice à la présentation d’œuvres musicales diverses. D’une grange, elle fait une salle de concert. À partir de 2011, l’artiste investit dans les bâtiments et crée une association. Au final, trois festivals de musique par an marient concerts d’instruments anciens, création d’œuvres contemporaines, prestations de groupes folkloriques, conférences et master class permettant la rencontre de jeunes musiciens. À chaque initiative, son thème : du Romantisme en Europe au XIX ème siècle à la Splendeur russe, en passant par Tradition et modernité ou encore La nature les animaux et la musique… La palette est large, le pari osé. « Aux habitants éloignés des grandes salles de concert, je veux offrir l’ouverture aux musiques du monde. Passées et actuelles. L’art ne doit pas être réservé à une élite des métropoles ».
Son désir le plus cher, en créant un tel festival ? Faciliter l’échange culturel, agir concrètement pour la découverte d’une région et de son patrimoine. Les rencontres de Jaugette sont ainsi l’occasion pour les visiteurs de se familiariser avec des paysages, une gastronomie locale. L’hébergement sur place des artistes est aussi un vecteur de rapprochement. Et il en est passé, depuis 2012, des artistes de renommée internationale ! Irina garde de ces prestations des souvenirs impérissables. De sa mémoire jaillissent quelques moments phares, comme la présence en 2015 d’Andreï Viéru, l’un des plus talentueux interprètes de Bach sur la scène internationale. Elle fut aussi honorée de la participation de Simha Arom, l’un des plus grands ethnomusicologues de notre temps, qui anima un atelier consacré au groupe africain Gamako.
« La venue de dix-huit chanteurs de l’opéra du Bolchoï fut pour moi un moment magique », s’enthousiasme-t-elle. Dans le même registre, elle apprécia tout particulièrement la visite d’un groupe d’une quinzaine d’artistes de Mestia en Georgie : le plus jeune avait 17 ans, le plus ancien 85… Les virtuoses qui ont répondu à l’invitation d’Irina ont souvent servi avec brio des projets innovants. Tels ces Miroirs d’Espaces de François Bousch où, au cours de l’écoute de cette création pour électronique et diaporamas, le public intervient sur le déroulé musical par l’intermédiaire de leur smartphone : le compositeur a créé une sorte d’alphabet sonore qui permet de transcrire en notes les textes envoyés par les téléphones. En 2019, Pierre Strauch dirigea à six heures du matin un quatuor à cordes sur la terrasse du château du Bouchet : Haydn, Webern et Schumann à un jet de pierre de l’étang de la mer rouge, l’un des plus beaux plans d’eau de la Brenne, au cœur du parc naturel régional ! Plus d’une centaine de personnes ont eu le privilège de vivre cette communion entre la musique et le réveil de la nature.
Une symbiose qui touche même la sensibilité du monde animal, si l’on en croit la réaction de pensionnaires du parc animalier de la Haute-Touche. Des événements musicaux et chorégraphiques ont été présentés au public dans les allées de la réserve. « Nous avons vécu des moments magiques », confie Irina. « Captivée par le spectacle, une meute de loups s’est rassemblée au bord de leur enclos, plus tard ce sont deux lamas qui sont restés figés, visiblement fascinés par le jeu des artistes ». Une expérience qui montre à quel point les idées bouillonnent dans l’esprit des organisateurs ! D’ores et déjà, des réflexions sont engagées pour ouvrir les visiteurs à d’autres réalisations : un projet d’espace réservé aux sculptures contemporaines est en gestation. D’une année l’autre, Irina et son association innovent et surprennent. L’objectif ? Faire du Manoir des arts un rendez-vous exceptionnel de la création artistique. Philippe Gitton
Entre jeux d’enfants et performances musicales, les rencontres musicales de Jaugette offrent des moments exceptionnels dans une région qui l’est tout autant, la Brenne : trois jours magiques !
– Le vendredi 18 juillet, 20h30 : Hansel et Grétel. Opéra romantique en trois actes de Humperdinck, composé en 1891, d’après le conte populaire merveilleux recueilli par les Frères Grimm. Partis dans la forêt cueillir des fraises, les deux enfants s’égarent et sont attirés par la maison en pain d’épices de la sorcière. Un classique du répertoire, accompagné de marionnettes d’une incroyable expressivité.
– Le samedi 19 juillet, 16h00 : Trio Kawa – Contes de Mahabharata. Musique et danse de l’Inde sur les contes de Mahabharata, par les frères Kawa, groupe de musique traditionnelle Soufi, originaire de Jaipur au Rajasthan (Inde). Une animation de handpan par Etienne Joly, 17h00 : le hand-pan est un instrument de musique à percussion mélodique, créé à la fin des années 1990. Il se compose de deux demi-coupelles en acier, embouties, jointes ensemble. Le handpan se joue posé sur les cuisses. Le joueur le fait résonner en tapant dessus avec les mains et les doigts. Un récital de mélodies françaises, 20h30 : la mélodie française est un genre qui unit musique et poésie. Les chefs d’œuvre de Debussy, Ravel et Poulenc, inspirés par les poètes tels que Apollinaire, Eluard, Gautier, seront interprétés, ainsi que des œuvres de Rosenthal et Godard, inspirés des poèmes de Nino et de La Fontaine évoquant l’univers de l’enfance.
– Le dimanche 20 juillet, 11h00 : Au début du monde. Armelle, Peppo et Jean Audigane nous plongent au cœur de la cosmogonie tsigane, une saga ancienne tissée de dieux, de déesses, de légendes et de voyages. Guidés par les récits anciens, vous découvrirez l’histoire fascinante de la création du monde. Ces récits cosmogoniques ne sont pas seulement des histoires sur l’origine du monde, ils servent également à transmettre des valeurs culturelles et spirituelles au sein de la communauté tzigane. Pierre et le Loup – Contes de la vieille grand-mère (Serge Prokofiev), 16h00 : un conte musical pour enfants écrit à Moscou en 1936. Cette œuvre symphonique a été composée pour initier les enfants aux instruments de l’orchestre. Chaque personnage de l’histoire est représenté par un instrument différent : l’oiseau par la flûte, le canard par le hautbois, le chat par la clarinette, le grand-père par le basson, le loup par les cors, Pierre par les instruments à corde (par le piano, dans cette version) et les chasseurs par les timbales et la grosse caisse.
Du vendredi 18 au dimanche 20 juillet, à 13h : les artistes et musiciens donnent rendez-vous au public au cœur du Parc Animalier de la Haute Touche.
Sise à Vendœuvres (36), l’épicerie sociale mobile de Brenne cherche de nouveaux bénévoles. En particulier, un chauffeur de bus. Pour l’association, il s’agit de pérenniser la mise à disposition de produits alimentaires, destinés aux personnes en grande difficulté financière.
Créée en 2022, l’épicerie sociale vend des produits fournis par la Banque Alimentaire de Châteauroux. Aujourd’hui, ces distributions reposent pour l’essentiel sur l’investissement de quatre bénévoles, auxquelles se joignent ponctuellement d’autres bonnes volontés. Des chauffeurs notamment. Un nombre très insuffisant au regard de la demande, ce sont environ 200 personnes qui bénéficient de l’aide alimentaire. « Une personne supplémentaire est absolument nécessaire pour le mercredi à Vendœuvres et un chauffeur pour conduire le bus», résume une responsable de la première heure. La conduite de ce véhicule est très importante pour récupérer la marchandise à Châteauroux, indispensable aussi pour aller chercher les personnes résidant dans les villages plus isolés.
Si la fonction de l’épicerie est de fournir de la nourriture à bas prix, elle joue également un rôle social. Ainsi, elle est intervenue pour aider une personne en grande précarité. « Elle n’avait plus aucun revenu. Suite à nos démarches et à l’assistance des employées de la Brenne box, on a pu régler une partie de ses problèmes », explique une bénévole La réalité sociale sur laquelle s’investit l’épicerie révèle des situations d’extrême solitude, et parfois de détresse morale. À l’écoute du témoignage, il est aisé de comprendre que les moyens humains sont indispensables pour apporter assistance et soutien. D’autant que l’ambition de l’association est d’élargir son champ d’action à d’autres initiatives, notamment culturelles.
L’accès au service de l’épicerie dépend des revenus. Il est donc impératif d’établir une demande auprès d’une assistante sociale. Elle évaluera le « reste à vivre » en fonction duquel la personne est bénéficiaire de l’aide ou pas. Philippe Gitton
L’épicerie sociale mobile de Brenne : distribution le mercredi à Vendœuvres (de 7h30 à 12h00 et de 13h30 à 15h30), le jeudi à Martizay et Azay-le-Ferron (une semaine sur deux, de 08h00 à 12h30). Les marchandises sont vendues entre 10 et 20 % du prix réel (Rens. : 07.60.41.77.21).
Du 18 au 23/10 à l’Équinoxe, Scène nationale de Châteauroux (36), se déroule la 23ème édition des Lisztomanias. Au pays de George Sand, un festival qui célèbre Liszt, son œuvre, son influence et son message empreint d’humanisme. En compagnie des plus grands concertistes, pianistes ou violonistes.
« Notre volonté est d’établir un parallèle entre l’olympisme et ce que fut l’apparition de Liszt et son art de la scène dans les années 1830/40 », affirme Jean-Yves Clément, le directeur artistique des Lisztomanias. « À cette époque, il invente le concert moderne avec ses caractéristiques monomaniaques, le « récital » et tous ses excès ». Vécue comme une véritable compétition, déclenchant des phénomènes d’hystérie, transposant le concert des salons à l’« arène » des salles immenses, cette invention fut déterminante dans l’histoire de la musique. Liszt lui-même s’en éloignera et finira par l’abandonner au milieu de sa vie au profit d’autres valeurs : la création et la transmission, plutôt que la gloire solitaire et sclérosante. Pour autant le « star système » était né, et avec lui le règne de l’affrontement, de la concurrence, bientôt des concours… forme artistique des épreuves sportives.
Si, au mois d’août, vous étiez encore à Nohant, nous pourrions réaliser notre ancien projet de festival à Châteauroux.
Franz Liszt, lettre à George Sand (30 mai 1844)
Jean-Yves Clément l’assure, « nous nous plairons à reproduire cet avènement du soliste virtuose ». Il n’empêche, dans le même temps, lors de cette 23ème édition des Lisztomanias, seront aussi honorés Gabriel Fauré, l’ami de Liszt dont on commémore en 2024 les 100 ans de la mort et Georges Gershwin, héritier des pianistes improvisateurs romantiques qui créa sa célèbre Rhapsody in Blue en 1924. Parmi tous les concerts à l’affiche, quelques noms à retenir : Joseph Moog, l’un des pianistes les plus en vue de la nouvelle génération qui interprétera Liszt, Schumann… Vadym Kholodenko, interprète ukrainien âgé de 37 ans de notoriété mondiale qui a remporté en 2013 le prestigieux Concours international Van Cliburn, donnera un récital qui confrontera Liszt à Chopin, « de Côme à Nohant », arc tendu entre deux chefs-d’œuvre composés respectivement en 1837 et 1844 : Après une lecture du Dante et la 3ème Sonate op.58… Quant à Pascal Amoyel et Dimitris Saroglou, ils s’affronteront en un duel imaginaire entre deux seigneurs du piano, Liszt et Chopin !
Créé en 2002 à Châteauroux, au pays de George Sand (près de Nohant), selon les voeux de Franz Liszt et George Sand eux-mêmes, le festival des Lisztomanias constitue une manière unique de mettre la culture en vie, autour d’une figure majeure du romantisme européen. Pianiste virtuose, compositeur de génie, chef d’orchestre à l’attitude révolutionnaire, enseignant de légende, écrivain, penseur et philanthrope hors du commun, Liszt est le grand phénomène de la musique romantique. « Diffuser le message de Liszt », conclut le poète et amoureux de la musique, « c’est aussi faire rayonner l’image du Berry romantique de George Sand et de sa communauté d’amis » : Chopin, Delacroix, Pauline Viardot et Marie d’Agoult mais également Dumas fils, Balzac, Flaubert, Tourgueniev… Tous se rendirent à Nohant entre 1836 et 1876. Philippe Gitton
Lisztomanias : Du 18 au 23/10, salle del’Équinoxe et autres lieux de concert de la ville. Scène nationale de Châteauroux, Avenue Charles de Gaulle, 36000 Châteauroux (Tél. : 02.54.08.34.34).
Le 18/10, en la salle des fêtes d’Azay-le-Ferron (36), en première partie du récital de Marie Coutant, Luxe Communal Duo présente son Concert-Histoire sur la Commune de Paris. Entre chansons et commentaires historiques, un hommage aux femmes et hommes tombés sur les barricades ou au mur des Fédérés.
Accompagnée au clavier par Sylvain, le 18/10 à Azay-le-Ferron, en première partie du concert de Marie Coutant, Caroline se réjouit de faire revivre les moments forts de cet événement historique que fut la Commune de Paris. « Nous avons réalisé ce spectacle à partir de textes d’auteurs impliqués dans ce combat », explique la jeune femme. « Comme celui de Jules Vallès, 28 mai, qui narre sa dernière journée passée sur les barricades, mais aussi de personnes moins connues »… Au final, un tour de chant composé de treize chansons inédites, de textes et commentaires historiques.
Un hommage vibrant pour toutes ces personnes qui se sont battues contre l’oppression, pour les libertés, la démocratie, les conquêtes sociales. Une volonté aussi de mettre à l’honneur les femmes qui ont tenu les premiers rôles : Louise Michel, bien sûr, mais également la journaliste communarde et romancière André Léo et bien d’autres… Les textes sont graves, lourds de sens, imprégnés de destins poignants, de la souffrance des gens du peuple, de la férocité de la répression. Ils portent cependant l’enthousiasme des idéaux défendus par les communards. L’œuvre musicale donne à cette évocation une dimension émotionnelle, poétique et parfois humoristique qui rend l’ensemble à la fois captivant et séduisant. Le nom de « Luxe Communal » porté par le duo, est une expression écrite par Eugène Pottier. Elle synthétise les principes de la Commune de Paris qui, sous la houlette de Gustave Courbet revendiquait un art dégagé de la tutelle de l’État, rapproché du peuple jusque dans les plus petits villages et bien commun de l’Humanité.
L’ambition est immense. Malgré une sous-estimation de ce combat dans les programmes éducatifs, l’utopie des communards a traversé le temps. Né dans le quartier de Ménilmontant, au cœur du 19ème arrondissement de Paris, haut-lieu de l’effervescence révolutionnaire, Sylvain se souvient de la célébration du centenaire de la Commune en 1971 : il a onze ans ! Il découvre Jean Ferrat, Commun Commune, la vie ouvrière plus tard lorsqu’il s’installe à Stains, en banlieue parisienne. Fort de son BTS électro-technique, il plonge dans le monde du travail et s’engage sous la bannière de la CGT. Il nourrit aussi une passion de jeunesse pour la musique. La flûte traversière, le jazz, l’impro, le clavier électronique et… Caroline : leur rencontre autour de la musique fait boum !
C’est à 18 ans que la jeune femme prend conscience de la force du mouvement de la Commune à l’occasion d’une exposition parisienne. Caroline est une littéraire : classe de prépa pour Khâgne et Hypokhâgne, CAPES, enseignante de français. Elle est aussi attirée par le chant lyrique. « Dès l’adolescence j’ai été séduite par l’opéra. J’adore les œuvres de Verdi, Puccini, Mozart, notamment. Les belles voix comme celles de Placido Domingo ou Nathalie Dessay me font vibrer ». Son goût pour la chanson vient plus tard, avec Sylvain elle découvre Anne Sylvestre, Barbara, Nougaro et compagnie. Sens du partage, fibre sociale, écoute de l’autre, goût pour la découverte : Caroline et Sylvain étaient faits pour s’accorder et concevoir un projet mettant en musique aspirations et savoir-faire.
La thématique ? L’histoire de la Commune, bien sûr ! 2021 et la célébration du 150ème anniversaire les reconnectent à l’association des Amies et Amis de la Commune. « Il y a trois ans nous avons pris en charge la partie festive d’un colloque organisé à Issoudun et Bourges. C’est à partir de là que nous avons imaginé des créations musicales sur ce thème », précise Sylvain. En 2023, Luxe Communal Duo compose et présente son premier Concert-Histoire. Philippe Gitton
La Commune/Concert-Histoire, Luxe Communal Duo : Le 18/10 à 20h30, salle des fêtes d’Azay-le-Ferron, en première partie du concert de Marie Coutant.
Marie Coutant, femme du monde
Autrice-compositrice et interprète, Marie Coutant présente son récital Aux femmes du monde. Une voix puissante très singulière, un charisme authentique, une écriture au talent incontestable. Elle a partagé la scène d’artistes renommés : Tri Yann, Fabienne Thibault, Nilda Fernandez, La Tordue, Lhasa De Sela, Linda Lemay, Sapho, Renaud, Zacchary Richard, Thomas Fersen et son « idole » Jacques Higelin.Elle donne de nombreux concerts dans l’Indre (sa terre de résidence), comme dans toute la France, ainsi qu’en Belgique, Allemagne, Pologne, Turquie… Elle travaille aujourd’hui sur divers projets de création musicale et tourne son spectacle Aux femmes du monde. En solo ou en compagnie de Bruno Pasquet à la basse, Romain Lévêque à la batterie et Anthony Allorent à la régie son.
En 2023, s’est constitué à Bélâbre (36) le collectif « Oui au CADA » ! En faveur de la création d’un Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile sur la commune, en soutien à la municipalité qui fait face à une opposition venue d’ailleurs. Pour l’ouverture à l’autre, le vivre ensemble et l’acceptation de la différence.
Un collectif « Oui au CADA » s’est constitué en 2023 à Bélâbre, une petite commune de l’Indre. Un soutien à la création d’un Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile, répondant aux manifestations de rejet du projet par une partie de la population du village. Une opposition entretenue par l’intervention de nombreux militants d’extrême droite, extérieurs à la commune, qui entendaient ainsi médiatiser cette affaire pour faire valoir leur rejet de toute forme d’immigration.
Aujourd’hui, le projet demeure malgré plusieurs mois d’extrême tension et pression exercée sur le maire et les élus. La municipalité maintient sa volonté d’avancer sur la mise en place d’un dossier qui doit désormais tenir compte d’un certain nombre de réalités : l’attente de décisions de justice dues à deux recours au Tribunal Administratif, un changement de lieu d’implantation sur le territoire de la commune en raison du coût des travaux, des renégociations avec de nouveaux interlocuteurs en charge de l’opération, une répartition différente des demandeurs d’asile sur les points d’accueil. En tout état de cause, le maire Laurent Laroche a bon espoir de finaliser le projet.
Le droit d’asile, une protection internationale
C’est en février 2023 que le conseil municipal de Bélâbre décidait de vendre les locaux d’une ancienne chemiserie en réponse à un projet de Viltaïs, une association qui agit pour l’insertion sociale. Au cas précis, son action vise à accueillir des demandeurs d’asile. Elle se porte acquéreur du bâtiment pour créer un centre d’une capacité maximale de 38 personnes. Laurent Laroche, maire de Bélâbre, et le conseil municipal ont rappelé le sens et l’ambition de l’opération : faire tout simplement preuve d’humanisme ! « Un demandeur d’asile (selon le communiqué adressé à la population) est une personne qui sollicite une protection internationale hors des frontières de son pays, mais qui n’a pas encore été reconnue comme réfugiée.(…) Un être humain qui cherche à survivre dans un autre pays, qui est déraciné, parce que dans son pays c’est l’enfer, qu’il y est exposé à un risque de préjudice grave (insécurité, persécution, menaces, guerre, etc…)« .
Pour se convaincre de la dureté du vécu des demandeurs d’asile, il suffit de lire les articles de presse consacrés aux parcours d’un certain nombre d’entre eux. En 2023, la Nouvelle République, le quotidien régional, a relaté l’histoire d’Alhassane. Ce jeune papa a fui la Guinée avec sa petite fille de 3 ans. Après un périple à travers l’Algérie, le Maroc et l’Espagne, le voilà enfin posé depuis le 4 août à la résidence de la Roche-Bellusson, à Mérigny. « Avoir la paix et la tranquillité après tout ce qu’on a traversé, c’est tout ce qu’on demande. On se sent bien ici. En sécurité. On est tous venus chacun de son côté mais maintenant on est comme une famille », confie le jeune homme, qui ne peut s’empêcher d’avoir un mot de gratitude pour Cynthia Rochet, l’intervenante sociale de Viltaïs, chargée du centre d’accueil temporaire de Mérigny.
L’intranquilité, prétexte au rejet de l’étranger
Des portraits émouvants, tel que celui d’Alhassane, les journaux en ont publié bien d’autres. Montrant à la fois les épreuves surmontées et la farouche volonté de s’intégrer. Les témoignages sont particulièrement parlant à Buzançais où la plupart des demandeurs d’asile participent pleinement à la vie locale. Un reportage du Monde à Sommières-du-Clain dans la Vienne, en apporte les mêmes conclusions. Mais d’affirmer que ces accueils se déroulent sans problème, ne semble pas dissiper les peurs d’une partie des habitants de Bélâbre. Les craintes d’un trouble de la tranquillité, due à l’arrivée d’une quarantaine de personnes ne devraient pas résister longtemps à la réalité des faits, une fois les demandeurs installés. Autre chose est le rejet de l’étranger, traduit à Bélâbre par un tag affirmant : « Pas de CADA chez les gaulois ».
Un slogan aux relents des thèses nauséabondes d’un Le Pen, revendiquant la supériorité des Français dits de souche. L’actualité démontre pourtant que l’assimilation des individus de diverses horizons est une chance pour la France. Ainsi, parmi les Français qui ont fait vibrer le pays dans les épreuves des Jeux Olympiques, nombreux sont celles et ceux qui ne sont pas descendants directs du peuple de Vercingétorix. Peut-être qu’au milieu de la foule qui acclame ces sportifs, à Bélâbre comme ailleurs, il y en a qui ont glissé un bulletin RN ou Reconquête lors des dernières élections. Deux partis animés par la haine de la différence qui opposent et divisent les humains entre eux, cultivent le rejet de l’autre et contestent une évidence.
La nationalité est une affaire de sol et non de sang. Le vivre ensemble se cultive dans la fraternité et l’ouverture à l’autre, non dans le rejet et le repli sur soi. Philippe Gitton
Le 16 avril, jour de l’allumage de la flamme à Olympie en Grèce, le Mouvement de la Paix a lancé une pétition en vue d’une trêve lors des Jeux Olympiques 2024 à Paris. Un appel en accord avec la résolution de l’assemblée générale de l’ONU adoptée le 21 novembre 2023.
La première torche du relais de la Flamme Olympique de Paris 2024 a été allumée le 16 avril lors d’une cérémonie à Olympie, en Grèce, où se déroulaient les Jeux antiques. Depuis le Péloponnèse, la Flamme Olympique rejoindra Athènes, traversera la mer Méditerranée pour arriver à Marseille le 8 mai 2024 et poursuivre son parcours à travers la France jusqu’à Paris pour marquer officiellement le début des jeux olympiques. Le Mouvement de la Paix a lancé ce même jour, date du départ de la flamme olympique d’Olympie à destination de Paris, une pétition mondiale pour qu’ensemble les peuples du monde entier exigent de leurs dirigeants, dont ceux de la France, État organisateur des Jeux, qu’ils agissent avec détermination pour la mise en place, pendant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, de la trêve olympique selon la résolution adoptée par l’ONU le 21/11/2023.
Si le Mouvement de la Paix se réjouit de ce vote, il serait inconcevable qu’il ne reste qu’un vœu pieu et que cette résolution ne soit pas suivie d’effets et d’initiatives concrètes de la part de chaque État. L’enjeu est de mobiliser les populations, les associations, les partis politiques, les élues et les élus, les syndicats, les sportives et sportifs, les artistes, éducatrices, éducateurs, du monde entier pour faire pression auprès des chefs d’État, afin qu’ils agissent pour que la trêve Olympique devienne une réalité. Le Mouvement de la Paix remercie par avance toutes celles et ceux, organisations, citoyennes et citoyens de tout âge qui en France et à travers le monde feront connaître par tous les moyens à leur disposition cette campagne mondiale qui participera à l’émergence d’une insurrection des consciences pour avancer dans la construction d’un monde de paix et d’amitié entre les peuples.
Chacune et chacun, là où il-elle est, peut agir pour contribuer à faire que la belle idée de l’arrêt des combats sur l’ensemble de la planète, héritée des premiers Jeux Olympiques en Grèce au 9ème siècle avant JC, devienne une réalité et contribue à la construction d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique. Ce même jour, alors que le Mouvement de la Paix demandait en urgence une audience au président de la République pour avancer des propositions concrètes et obtenir des actes politiques, Emmanuel Macron déclarait dans la presse régionale sa volonté d’agir pour une trêve olympique. Philippe Gitton
Le Mouvement de la Paix, 9 rue Dulcie September, 93400 Saint-Ouen (Tél. : 01.40.12.09.12).
Le 14/10 à 19h, au Grand Aslon à Ligné (36),l’association Noces de Paroles invite les amoureux de la chanson et de la poésie à partager une soirée autour de Gaston Couté. Interprété par Yves Champigny, le répertoire du poète libertaire et révolté retrouve ainsi toute sa place dans le patrimoine de la chanson française. Le site Du temps des cerises aux feuilles mortes lui consacre un brillant article.
« Né à Beaugency en 1880, ayant passé sa première enfance dans le moulin paternel de Meung-sur-Loire, cette petite cité pleine du souvenir de François Villon, Gaston Couté était destiné par une famille ambitieuse à l’administration des Finances nationales. En conséquence, il fut confié au lycée d’Orléans, mais, rimant et rêvant d’autres succès, il partit pour Paris en 1898, avec cent francs en poche ».
« Admis à réciter des vers à Al Tarlane, il délaissa bientôt ce cabaret, où il se produisait gratuitement, pour l’Âne Rouge dont le patron, plus généreux, lui donne en guise de salaire un café-crème quotidien. On ne devine que trop peu ce que fut l’existence du pauvre déraciné réduit à cette maigre pitance, à laquelle s’ajoutaient parfois les alcools corrosifs offerts par d’aimables spectateurs. Il subsista ainsi, pourtant, pendant un an, créant Le champ de naviots et tant d’œuvres d’une facture déjà puissante, cris de révolte d’une âme simple et droite se dressant face à la société égoïste et veule pour laquelle « l’honneur quient [tient] dans l’carré d’papier d’un billet d’mille ».
« S’il atteignit la gloire, il ne connut jamais l’aisance […] Sincère dans ses propos comme dans ses œuvres, Gaston Couté distribuait avec beaucoup trop de générosité les vérités désagréables […] Son indépendance, hélas aussi son intempérance, faisaient de [lui] un pensionnaire inconstant. C’est pourquoi il ne figura pas à la place d’honneur qui lui revenait sur les programmes de nos cabarets. Victime de l’alcoolisme, il mourut en 1911 à l’hôpital Lariboisière, laissant à 31 ans une œuvre admirable ». Armelle Audigane est catégorique. « Connu pour ses textes antimilitaristes, sociaux et anarchistes, nul doute que s’il vivait encore, au vu des événements actuels, le poète aurait la plume « causeuse » à souhait », avoue sans détour l’animatrice de l’association Noces de Paroles, « mettant sûrement sa poésie au service du petit peuple et des iniquités que ce dernier endure ». Philippe Gitton
Gaston Couté, interprété par Yves Champigny : le 14/10 à 19h, entrée libre, au Grand Aslon à Ligné (36). Accompagné par Fetchaï Nadji et Éric Champigny à la guitare, Claude Jaussint à l’accordéon diatonique (confirmation souhaitée : 06.16.25.66.54).
À Saulnay (36), Lucie et Damien Koziaz développent cultures maraîchères et plantes aromatiques. Avec Brin d’être, un retour à la terre qui répond à leurs aspirations et au bien-être collectif.
À l’heure où les circuits courts sont de plus en plus valorisés, il était difficile pour Lucie et Damien de faire mieux ! C’est au sein même du bourg de Saulnay, dans l’Indre, qu’ils ont trouvé une parcelle suffisamment vaste pour développer leur projet. « Les caractéristiques du sol sont différentes selon les endroits. Aussi, nous réservons certaines parties au maraîchage et d’autres aux plantes aromatiques ». Là se récoltent tomates, poireaux, pommes de terre, carottes, courgettes, salades, radis, betteraves… Pour lutter naturellement contre les pucerons et protéger les quelques deux cent pieds de tomates, à proximité on trouve du basilic qui chasse les insectes nuisibles ou des capucines qui les attirent et les éloignent ainsi du fruit. Le couple ne compte pas se limiter à ce type d’activités, le parc des poules sera augmenté pour répondre à une demande croissante d’œufs de qualité.
À quelques pas de là, la place est occupée par les plantes aromatiques : origan, sarriette, bourrache, sauge, thym, estragon … Au total, une vingtaine de variétés vers lesquelles Lucie et Damien souhaitent concentrer une partie plus importante de leur travail. Le projet ? La commercialisation de tisanes. Un bâtiment, déjà équipé d’une salle de séchage, doit être aménagé. « Nous sommes deux exploitants sur ce créneau dans le département, il y a de quoi envisager de réels débouchés », note Damien. Le domaine, ils l’ont trouvé au bout d’une longue série de visites. « Il correspond exactement à nos aspirations ». D’une surface suffisamment vaste (près de 7000 m²), avec une maison vivable immédiatement pour accueillir les deux enfants de la famille, à proximité d’autres habitations… « C’était important pour nous de nous intégrer dans la localité », précise Lucie. En effet, le couple a vécu la première partie de son existence sous d’autres cieux.
À l’ombre des chênes, les salades poussent mieux
Originaire de Châteauroux, Damien a passé sa jeunesse dans le sud-ouest. Après un bac scientifique pour devenir kiné, il s’inscrit à la faculté de médecine de Toulouse. C’est là qu’il rencontre Lucie. Ils arrêtent alors leurs études et exercent différents métiers : ajusteur chez Airbus pour l’un, restauration rapide et aide à domicile pour l’autre… N’y trouvant pas un réel épanouissement, ils décident de changer du tout au tout pour une activité et un rythme de vie plus conformes à leurs valeurs et aspirations. Direction l’Indre, un retour aux sources pour Damien où la greffe, de toute évidence, a bien pris !
Salle de séchage des aromates
Pour le couple, l’immersion en terre brennouse est une réussite. « Ça s’est fait naturellement et rapidement. Portés par le tissu associatif, nous avons le sentiment d’être pris dans une vague positive. On trouve toujours quelqu’un pour aider en cas de problème. Saulnay est une grande famille », constate Lucie avec un large sourire. Une vie sociale riche et un travail au service d’une agriculture biologique contribuant au bien-être des consommateurs et à la protection de l’environnement : pour Lucie et Damien, tant personnel que professionnel, au Brin d’être l’équilibre semble atteint. Philippe Gitton
Le Brin d’être, chez Lucie et Damien Koziac (visite de l’exploitation possible) : 8 chemin des loges, 36290 Saulnay (Tél. : 06.52.72.51.20 ou 02.18.01.08.57). Vente directe sur les marchés : le jeudi matin à Mézières, le vendredi matin à Buzançais, le dimanche matin à Vendœuvres.
C’est sous le signe des combats et des destinées, souvent tragiques, que s’est déroulée la rencontre littéraire du club de lecture de la médiathèque de Mézières (36). Bande dessinée, document, roman ou polar : il y en a pour tous les goûts ! Philippe Gitton
Les fossoyeurs, de Victor Castanet (éd. Fayard, 400 p., Prix Albert Londres 2022, 22€90)
« L’auteur est quelqu’un de courageux. Il a subi des pressions. Une proposition de quinze millions d’euros lui a été faite pour ne pas sortir ce livre », précise Yvette
Après trois ans d’investigations, Victor Castanet livre une plongée inquiétante dans les secrets du groupe Orpéa, leader mondial des Ehpad et des cliniques. Truffé de révélations spectaculaires, ce récit haletant et émouvant met au jour de multiples dérives, bien loin du dévouement des équipes d’aidants et de soignants, majoritairement attachées au soutien des plus fragiles. Personnes âgées maltraitées, salariés malmenés, acrobaties comptables, argent public dilapidé… Nous sommes tous concernés.
Trois ans d’investigations, 250 témoins, le courage d’une poignée de lanceurs d’alerte, des dizaines de documents explosifs, plusieurs personnalités impliquées… Victor Castanet est journaliste d’investigation indépendant. Durant trois ans, il a résisté à toutes les pressions pour livrer ce document éprouvant, tirant peu à peu les ficelles d’une incroyable enquête. Au nom de son grand-père.
Une femme, d’Annie Ernaux (éd. Gallimard, 112 p., 7€50)
« Un texte fort qui retrace la destinée d’une femme et traite de la complexité des sentiments », estime Philippe
Après avoir écrit sur la mort de son père dans La place, Annie Ernaux récidive avec la perte de sa mère – Une femme. Parler de la femme de son imaginaire, mais aussi de la femme réelle, celle qui a existé en dehors d’elle, mettre en mots le portrait d’une femme, comme pour « mettre au monde sa mère ». Dessiner son parcours, son enfance en Normandie, son milieu modeste, ouvrier, la volonté de s’élever, d’être commerçante, indispensable pour les autres, mais être au-dessus. Pousser sa fille à faire des études, à réussir, à s’en sortir et basculer dans le monde bourgeois, d’où vicieusement la mère se sentira exclue, flouée, déçue… Le portrait qu’Annie Ernaux fait de sa mère est écrit au plus juste, sans tendance lacrymale, contrairement à La place qui m’avait davantage touché.
Une femme est aussi tendre et attendrissant, toutefois la maladie de la mère laisse une traînée presque amère. Cette femme forte et lumineuse devenue démente, dit-elle… Dans un autre livre, Je ne suis pas sortie de ma nuit, l’auteur s’étend plus à ce sujet. Il y a cependant de très beaux passages sur cette maman, quittée la veille devant Jacques Martin pour apprendre sa mort le lendemain à dix heures. La honte, la colère, le ras-le-bol, la culpabilité. C’est une petite fille qui parle aujourd’hui, qui se sent seule et abandonnée, orpheline. Aussi ce livre est une très belle déclaration d’amour, pleine de délicatesse et d’acuité. « Il fallait que ma mère, née dans un milieu dominé, dont elle a voulu sortir, devienne histoire pour que je me sente moins seule et factice dans le monde dominant des mots et des idées où, selon son désir, je suis passée ». Juste monnaie de la pièce…
L’Anglais qui voulait nettoyer la France, d’Edmund Platt et Natacha Neveu (éd. Librinova, 313 p., 19€90)
« L’enthousiasme de cet anglais est communicatif et responsabilisant. On ne regarde plus les déchets de la même façon après avoir lu ce livre », concède Philippe
En 2017, Edmund Platt, alias l’Escargot Anglais, s’est lancé dans un tour de France de 8. 000 kilomètres en auto-stop pour ramasser les déchets qu’un Français sur trois jette chaque jour de sa voiture. Déterminé à dénoncer haut et fort le problème des déchets et son impact désastreux sur la planète, tout comme celui du plastique qui étouffe nos océans et notre société de consommation défaillante, Eddie délivre un message honnête, juste, extrêmement puissant et plein de vérités qui dérangent. Très attendu par les médias et les fans, son premier livre détaille l’essentiel de son périple sur les routes du pays des cuisses de grenouilles et de l’apéro.
Seul avec son sac à dos, sa pince à déchets et son insatiable soif de bière, l’Escargot Anglais a voyagé pendant trois mois autour de l’Hexagone. Son récit chamboulera votre manière de voir la vie, et peut-être même vos priorités. Le temps, ce n’est pas de l’argent. C’est bien plus précieux que ça, bordel de merde ! Ce livre est une aventure humaine, une montagne russe parsemée de rebondissements auxquels n’importe qui peut s’identifier. Riche en spontanéité, amusant et révélateur, L’Anglais qui voulait nettoyer la France est la gifle et le coup de fouet ultimes dont nous avons tous besoin.
Impact, d’Olivier Norek (éd. Pockett, 312 p., 8€)
Martine souligne l’efficacité du genre : un policier pour dénoncer les problèmes environnementaux
Ce n’est pas vraiment une dystopie, ni un « romanquête », mais un peu les deux à la fois. Fondé sur un impressionnant travail de documentation, Impact, le sixième roman d’Olivier Norek, recense et accole toutes les manifestations du dérèglement climatique de la dernière décennie pour imaginer une France en pleine crise, à l’aube de l’élection présidentielle de 2022. Virgil Solal, soldat des forces spéciales, sait à quel point ce monde (pré) apocalyptique peut être dangereux. Sa fille est mort-née à cause de la pollution atmosphérique. Il décide donc de faire payer ceux qu’il tient pour responsables : les grands patrons, les financiers, les politiques. Il devient alors un écoterroriste à la tête de Greenwar (sorte de branche armée de Greenpeace) dont la population soutient l’action.
Capitaine de la police judiciaire pendant dix-huit ans, Olivier Norek est l’auteur de quatre polars – Code 93, Territoires, Surtensions et Surface -, qui ont reçu plusieurs prix littéraires prestigieux et ont été traduits dans de nombreux pays. Ce n’est pas pour rien que cet écrivain s’est lancé dans l’humanitaire avant de devenir policier. Régulièrement, il lui prend l’envie de s’attaquer à des problèmes sociaux, comme ce fut le cas dans Entre deux mondes, bouleversant roman salué par la critique. Avec Impact, il va plus loin : son enquête s’étend au monde entier et concerne notre survie.
Un long, si long après-midi, d’Inga Vesper (éd. La Martinière, 416 p., 22€90)
« Un beau roman, pour moi qui n’en lis pas beaucoup », précise Michel
Dans un quartier riche et ensoleillé de Los Angeles, tout semble parfait. Mais la perfection n’existe pas, et là où il y a soleil, il y a ombre. Secrets et tragédies se cachent à chaque coin de rue. Dans une veine qui rappelle « La Couleur des sentiments » ou « Desperate Housewives », Un long, si long après-midi est un premier roman époustouflant au cœur d’une Amérique asphyxiée par son sexisme et son racisme ordinaires. C’est l’été 1959, les pelouses bien taillées de Sunnylakes, en Californie, cuisent sous le soleil. Dans la chaleur étouffante d’une trop longue après-midi, Joyce, une mère de famille comme on en rencontre dans les belles histoires du rêve américain, s’ennuie. Ses enfants crient, son mari va bientôt rentrer.
Les minutes rampent comme des limaces. Ruby, la femme de ménage de Joyce, rejoint la maison où elle doit effectuer ses dernières heures de travail de la journée. Mais Joyce a disparu et ne subsiste plus dans la cuisine qu’une mince tâche de sang sur le sol. On suspecte un crime, la femme de ménage noire et célibataire est toujours la meilleure des suspectes. Le fusible à faire sauter pour éviter que n’explose le grand miroir des faux semblants. Si ce n’est que Ruby a décidé de se saisir de son propre sort. L’émancipation féminine et raciale n’est pas encore à la mode, mais elle est déterminée à faire entendre sa voix.
L’Odyssée d’Hakim, un roman graphique de Fabien Toulmé (éd. Delcourt, trois volumes. De 264 à 280 p. selon chaque tome, 24€95 chacun)
« La qualité de la plume et du trait, alliée à la beauté de la cause, hante les pages de ce superbe roman graphique », témoigne Albert
L’histoire vraie d’Hakim, un jeune Syrien qui a dû fuir son pays pour endosser l’appellation « réfugié ». Un témoignage puissant, touchant, sur ce que c’est d’être humain dans un monde qui oublie parfois de l’être. L’histoire vraie d’un homme qui a dû tout quitter : sa famille, ses amis, sa propre entreprise… parce que la guerre éclatait, parce qu’on l’avait torturé, parce que le pays voisin semblait pouvoir lui offrir un avenir et la sécurité. Un récit du réel, entre espoir et violence, qui raconte comment la guerre vous force à abandonner votre terre, ceux que vous aimez et fait de vous un réfugié.
L’odyssée d’Hakim (1), de la Syrie à la Turquie : Hakim, jeune Syrien, raconte les circonstances qui l’ont conduit à quitter les siens pendant la guerre en Syrie et à chercher refuge en Turquie.
L’odyssée d’Hakim (2), de la Turquie à la Grèce : En Turquie, Hakim et sa femme Najmeh, réfugiés syriens, ont un fils, Hadi. De nouvelles difficultés séparent la famille et Hakim se retrouve seul avec son enfant. Il décide de faire appel à des passeurs pour traverser la Méditerranée sur un canot de fortune. L’odyssée d’Hakim (3), de la Macédoine à la France : Enfin arrivés en Europe sain et saufs, Hakim et son fils Hadi affrontent désormais le rejet et la xénophobie ambiante sur le chemin qui les mène à la France. Ils rencontrent aussi des inconnus qui leur viennent en aide.
Dominique ne supporte plus sa vie, confinée entre quatre murs. Une fois de plus, il décide de fuguer… Une nouvelle de Philippe Gitton, contributeur aux Chantiers de culture. Il est l’auteur d’un recueil de nouvelles et animateur d’un site internet consacré à la Brenne, sa région d’adoption.
Dominique en a soupé de toute cette histoire, il n’a qu’une hâte : partir au plus vite ! C’est devenu une obsession, le genre de souci qui perturbe le sommeil. Cette nuit encore, pas moyen de fermer l’œil. Il a tourné, viré dans toutes les pièces de l’appartement. Fatalement, un vieux coup de fatigue lui est tombé dessus en milieu d’après-midi. Affalé sur le canapé du salon, il dort profondément. Un claquement de porte le fait sursauter. Il ouvre les yeux et demeure là. Immobile, le regard dans le vague… Puis lascivement, il s’étire de tout son long. Très vite, une pensée lui vient à l’esprit. Toujours la même, « combien de temps encore vais-je rester ici ? »
Câliné par le soleil de printemps, il ne bouge pas d’un poil. Pour la énième fois, il se remémore sa vie. « Je viens d’avoir quinze ans, déjà ! Qu’il me paraît loin le temps de ma tendre jeunesse passée au cœur des Pyrénées, dans la ferme de Fernand et Marie. Ils étaient rudes parfois, mais généreux. Ils m’ont offert leur vie simple de paysans pour me faire oublier les drames de ma naissance. Des parents trop tôt disparus, la séparation de mes frères et sœurs. Alors, j’ai grandi parmi les animaux. Un chien un peu bourru mais pas méchant, des cochons et des chèvres pour compagnons. Et pour terrain de jeux, les prés, les bois et la montagne où je gambadais à ma guise : la liberté totale quoi ! Sans ce stupide accident de voiture qui me priva pour toujours de Fernand et Marie, je serais sans doute encore là-bas. Mais je ne pouvais pas rester. La ferme fut vendue, un jeune couple s’est occupé de moi. Ils m’ont emmené en ville, loin de mes chères montagnes. Impossible de m’y faire !
À la première occasion, je me suis enfui. J’avais 7 ans. Première fugue, premières courses effrénées et la griserie de la liberté retrouvée. Dès lors, je n’ai eu de cesse de m’échapper dès que je le pouvais. Le couple n’a pas supporté. J’étais intenable, ingérable comme il disait. Ils ne comprenaient rien. Je voulais simplement vivre ma vie. Aussi, les familles d’accueil se sont succédées. Jusqu’à la rencontre de Raymonde et Dédé, voilà un an : ils sont gentils ces deux-là, ils me rappellent Fernand et Marie ! Ils essaient de me construire une nouvelle vie, de respecter ma vrai nature. Ils me laissent tranquille. Pas du style à être constamment sur mon dos. Mais depuis quelques temps, je me sens de nouveau oppressé. Ici comme partout, j’ai l’impression de vivre dans une prison dorée. J’ai besoin d’air, d’espace, j’étouffe.
Soudain, Dominique se redresse et fixe la fenêtre grande ouverte. D’un bond, il se propulse sur le balcon, puis sur la terrasse de l’étage inférieur. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il se retrouve dans la cour de l’immeuble. Il tourne la tête une dernière fois vers l’appartement. « Si les gens croient que je vais accepter une existence pareille. Je ne suis pas comme eux, il faudra bien qu’ils le comprennent un jour. Et puis, enfin, quelle idée de m’appeler Dominique : drôle de nom pour un chat ! » Philippe Gitton
Le samedi 10 décembre à 20h, au Grand Aslon à Lingé (36), l’association Noces de Paroles organise Vin sur vin, une soirée spectacle bien arrosée ! En compagnie de deux conteurs, Kamel Guennoun et Bernard Barbier, qui raconteront des histoires sur le vin et sa dégustation.
Ainsi que le rappelle le site Paroles de conteurs, Kamel Guennoun naît en 1953 à Royan, de mère charentaise et de père kabyle. Il vit en Algérie dans sa prime jeunesse, puis il rentre en France en 1962. Il fut docker, déménageur, ouvrier à l’usine Simca avant de s’investir dans l’animation socioculturelle.
En 1987, il découvre le festival « Paroles d’Alès » et commence son initiation aux arts du récit auprès de conteurs et conteuses. Il replonge alors dans ses racines kabyles, qu’il croise avec sa culture charentaise, pour suivre à son tour les chemins qui font les grands conteurs… Cévenol d’adoption, il devient directeur artistique des « Nuits du conte » de Thoiras et co-fondateur avec Patrick Rochedy de « La Marche des Conteurs ». Sans oublier ses collaborations artistiques avec Les voix de la Méditerranée à Lodève, les médiathèques de Ganges et de Narbonne, le Centre méditerranéen de littérature orale d’Alès.
Sur son blog, Bernard Barbier retrace les étapes principales de son parcours artistique. Il naît en 1952 en Auvergne. Il effectue ses premiers pas sur scène vers 1978 avec la musique folk, où il joue du violon. En 1982 dans le Lot, il rencontre une compagnie de Cirque / Théâtre /Clown. C’est le début d’une belle aventure artistique : spectacles de rue, sur scène, pour enfants et adultes… De 1990 à 2003, avec son ami Christian Coumin, il parcourt le monde (télés, galas, cabarets…) avec un numéro visuel « Le vidéo clown ».
En 1987, il fait la connaissance du conteur Kamel Guennoun. « Là fut ma vraie rencontre avec l’univers infini des contes », confie-t-il, « j’avais en moi ce besoin de dire des histoires ». Il suit plusieurs stages avec Michel Hindenoch, Didier Kowarsky, Kamel Guennoun. Il profite de l‘aide précieuse de Jihad Darwiche et de la formation du Centre méditerranéen de littérature orale d’Alès. Depuis 2001, il conte et raconte donc le monde, les histoires qu’il a écrites (menteries) comme celles qu’il a revisitées (Petit Poucet.com)… « Apprendre par la plante des pieds, voila une belle université », affirme Bernard Barbier. Philippe Gitton
D’une petite ville de l’Est de la France à l’Iran, en passant par l’Irlande, le Maroc et bien d’autres régions et pays… Les livres, présentés et commentés au club de lecture de la médiathèque de Mézières (36), témoignent de vies très souvent mêlées aux différents contextes historiques et politiques. Bon voyage et belle lecture Philippe Gitton
Connemara, de Nicolas Mathieu (éd. Actes Sud, 400 p., 22€)
« Avec une écriture « parlé », le romancier raconte une histoire où le monde du travail est très bien décrit », explique Gilles
Hélène, bientôt quarante ans, est née dans une petite ville de l’Est de la France. Elle a fait de belles études, une carrière, deux filles. Elle vit dans une maison d’architecte sur les hauteurs de Nancy, elle a réalisé le programme des magazines et le rêve de son adolescence : se tirer, changer de milieu, réussir. Pourtant, le sentiment de gâchis est là, les années ont passé, tout a déçu. Quant à Christophe, il vient de dépasser la quarantaine. Il n’a jamais quitté ce bled où ils ont grandi avec Hélène. Il n’est plus si beau. Il a fait sa vie à petits pas, privilégiant les copains, la teuf, remettant au lendemain les grands efforts, les grandes décisions, l’âge des choix.
Aujourd’hui, il vend de la bouffe pour chien, il rêve de rejouer au hockey comme à seize ans. Il vit avec son père et son fils, une petite vie peinarde et indécise. On pourrait croire qu’il a tout raté. Pourtant, il croit dur comme fer que tout est encore possible. Connemara, c’est cette histoire des comptes qu’on règle avec le passé et le travail aujourd’hui, entre Power Point et open space. C’est surtout le récit de ce tremblement au mitan de la vie, quand le décor est bien planté et que l’envie de tout refaire gronde en nous. Le récit d’un amour qui se cherche par-delà les distances dans un pays qui chante Sardou et va voter contre soi.
Les pionnières (Une place au soleil, tome 1), d’Anna Jacobs (éd. Archipoche, 430 p., 8€95)
« Je l’ai lu d’une seule traite », se réjouit Jean
Irlande, début des années 1860. Keara Michaels ne quitterait pour rien au monde sa terre natale et ses deux sœurs. Mais le destin est parfois cruel… Enceinte et sans le sou, elle est contrainte de traverser les océans pour gagner l’Australie. Toute seule : le père de son futur enfant, qui est marié, ne l’accompagnera pas. Dans le même temps, Mark Gibson, un chercheur d’or, doit fuir le Lancashire pour échapper à la vengeance de son beau-père. Et tenter sa chance à l’autre bout du monde. C’est à Rossall Springs, à deux heures de route de Melbourne, qu’il ouvrira une auberge… Est-ce là que Keara rencontrera l’homme de sa vie ? Le premier volet de la nouvelle trilogie d’Anna Jacobs, la romancière aux trois millions d’exemplaires vendus dans le monde.
Le pays des autres, de Leïla Slimani (éd. Folio Gallimard, 416 p., 8€90)
« Plusieurs histoires se recoupent sur un fond historique. C’est ce que j’aime dans les livres. Celui-ci se lit bien », confie Chantal
Leïla Slimani, autrice franco-marocaine née en 1981 et journaliste politique, se consacre désormais pratiquement qu’à l’écriture depuis son Prix Goncourt pour Chanson douce paru en 2016. Ce roman qui couvre une douzaine d’années (de 1944 a 1956) traite de la colonisation, de la confrontation de deux cultures dans les couples mixtes, de la difficulté pour les enfants de trouver leur place entre ces deux cultures, de la soumission des femmes, du déracinement et de la stigmatisation des non musulmans.
En 1944, Mathilde, une jeune alsacienne spontanée et effrontée, se marie avec Amine un soldat marocain venu combattre en France. Après la Libération, ils partent au Maroc près de Meknès travailler les terres d’un domaine très isolé, acquis par le père d’Amine. Ce domaine s’avère quasi incultivable. Amine va consacrer toute sa vie à tenter de tirer des revenus de cette terre aride, au détriment de sa vie de famille et de sa santé. Mathilde a beaucoup de mal à supporter le manque de confort, l’isolement, l’éloignement de sa famille, le poids des traditions et l’absence de son mari qui ne vit que pour faire prospérer ses cultures et prouver qu’il n’a pas besoin des colons.
Après un retour de quelques semaines en France suite au décès de son père, elle revient au Maroc près de ses deux enfants et de son mari. Pour se sentir utile et plus libre, elle devient une sorte d’infirmière auprès des autochtones démunis grâce à l’aide d’un médecin français. Le roman se termine fin 1955, suite aux émeutes contre la colonisation menées en partie par le frère d’Amine.
Carnets d’un médecin de montagne, d’Hermann Berger (éd. La fontaine de Siloé, 154 p., 12€)
« Ce livre est passionnant », affirme Bernadette
Médecin d’origine roumaine, installé dès les années 30 dans la vallée de La Maurienne, Hermann Berger consacra la totalité de sa vie à ses patients avec un courage et un dévouement exceptionnels. Il aimait tant son métier qu’il l’exerça jusqu’en juillet 1993. Alors âgé de 85 ans, il était certainement le médecin le plus vieux de France ! Voulant laisser une trace avant sa mort qui intervint trois mois plus tard, il dicta cet ouvrage à sa fille. Quelques autres témoignages, collègues-infirmières-religieuses, complètent son histoire. On l’aura compris, ces carnets sont un témoignage rare. En effet, non seulement le personnage est hors du commun, mais encore juif et roumain. Il sera en butte aux tracasseries du régime de Vichy et devra se cacher pendant la guerre pour échapper à la Gestapo. Le lecteur admirera un courage et une ténacité hors du commun.
Une magnifique figure de médecin de montagne, capable de marcher des heures dans la neige pour aller visiter un malade. Un praticien exemplaire comme on n’en rencontre quasiment plus de nos jours. Même chose pour la petite société montagnarde des hautes vallées, vivant dans des conditions de misère et de difficultés matérielles qu’on a peine à imaginer aujourd’hui.
Je vous écris de Téhéran, de Delphine Minoui (éd. Points, 360 p., 8€20)
« Ce n’est pas ennuyeux un seul instant, ça restitue bien les ambiances », explique Michel
Sous la forme d’une lettre posthume à son grand-père, entremêlée de récits plus proches du reportage, Delphine Minoui raconte ses années iraniennes, de 1997 à 2009. Au fil de cette missive où passer et présent s’entrechoquent, la journaliste franco-iranienne porte un regard neuf et subtil sur son pays d’origine à la fois rêvé et redouté, tiraillé entre ouverture et repli sur lui-même. Avec elle, on s’infiltre dans les soirées interdites de Téhéran, on pénètre dans l’intimité des mollahs et des miliciens bassidjis, on plonge dans le labyrinthe des services de sécurité, on suit les espoirs et les déceptions du peuple aux côtés de sa grand-mère Mamani, son amie Niloufar ou la jeune étudiante Sepideh.
La société iranienne, dans laquelle se fond l’histoire personnelle de la journaliste, n’a jamais été décrite avec autant de beauté et d’émotion. De mère française et de père iranien. Delphine Minoui est lauréate du prix Albert Londres 2006 pour ses reportages en Iran et en Irak.