Serge Cassagne, Mr « Géo trouve-tout »

L’infatigable inventeur, professeur de biologie à la retraite, s’invente une nouvelle jeunesse en créant le Syndicat national des auteurs d’inventions indépendants ! Rencontre avec Serge Cassagne, Monsieur « Géo trouve tout ».

 

 

« Dès mon plus jeune âge, j’invente, à 6ans j’avais déjà bricolé un petit truc pour couper le bois ! » Une passion, un esprit créatif que le jeune instituteur a mûri lors des heures de travaux pratiques avec les bambins de la classe, qu’il a développé de plus belle au lendemain de la guerre d’Algérie, devenu professeur de biologie… « J’inventais de nouveaux matériels pour les expériences en sciences naturelles, les élèves étaient

Co Bapoushoo

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motivés et moi aussi ». Un virus de la création qui ne le quitte plus, du haut en bas de l’antre qui fait office de bureau les pièces à conviction, brevetées Serge Cassagne, s’accumulent à domicile : l’osmomètre, le factomètre, le « Pluierapa » qui lui valut la médaille d’or au concours Lépine en l’an 2000… Sa dernière trouvaille ? Un système de bretelles inversées, plus pratique pour ne pas perdre son pantalon ! « Il faut être un grand bricoleur pour devenir inventeur », confesse ce créateur enjoué.

Qui ne masque pourtant point sa colère depuis de nombreuses années déjà… 1957, très précisément, date à laquelle furent modifiés les articles de loi sur la propriété intellectuelle, faisant tomber l’inventeur indépendant sous le joug du code de la propriété industrielle ! Les conséquences ? Non seulement le dépôt d’un brevet à l’INPI ( Institut de la propriété industrielle), obligatoire, relève du parcours du combattant mais en plus l’opération coûte très cher : renouvelable chaque année durant vingt ans, de 36€ à 760€ la dernière année, en sachant qu’il vaut mieux passer par un cabinet en brevets pour sa rédaction, une opération se chiffrant entre 3000€ à 5000€ pour la France, de 30 000€ à 50 000€ pour l’étranger… « Un scandale », tempête Serge Cassagne, « puisque ce système favorise les bureaux d’études des entreprises qui ont les moyens financiers de capter les brevets à leur profit, spoliant l’inventeur initial de sa trouvaille et le privant de tout bénéfice ». Une injustice au regard du statut des compositeurs et écrivains qui, sous couvert de la SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique), ont pouvoir de protéger leurs œuvres durant toute leur vie, et 70 ans après leur disparition, pour une somme modique.

« Nous réclamons, nous aussi, d’être considérés comme des auteurs à part entière et pas seulement des « Géo trouve-tout manuels et farfelus ». Nous travaillons énormément pour mettre au point nos découvertes et nous avons besoin de reconnaissance et d’égalité comme les autres créateurs ». Et Serge Cassagne de s’appuyer sur la Déclaration universelle des Droits de l’homme stipulant que « chacun a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont il est l’auteur ». D’autant que le constat est alarmant, depuis 2009 le nombre de brevets déposés par des personnes physiques a baissé de 23% alors que pour les personnes morales (les entreprises, NDRL) le nombre s’est accru de 6%… Il n’empêche, au cours de la même période, la France, jadis pionnière en matière d’inventions, passe du 4è au 6è rang mondial.

Pour enfin faire entendre leur voix, les inventeurs indépendants, sous la houlette de Serge Cassagne, ont créé en 2012 leur syndicat affilié à la SergeFédération des sociétés d’études, le S.N.A.I.I.-CGT (Syndicat national des auteurs d’inventions indépendants). Leurs deux revendications prioritaires ? La création du brevet d’auteurs d’inventions (B.A.I.) et celle, à l’image de la SACEM, d’une société de gestion du droit d’auteur d’inventions indépendant, la S.G.D.A.I. La balle est dans le camp des parlementaires, nul doute que nos fins limiers sauront inventer de nouvelles formes de lutte pour les voir aboutir ! Yonnel Liégeois

Parcours
Fils du dernier allumeur de réverbères de la ville de Paris, Serge Cassagne fut toujours un citoyen engagé. Au PCF à 18 ans, puis au SNI et enfin au SNES après l’obtention de son CAPES qui lui permit d’enseigner la biologie et de mettre son esprit créatif au service de ses élèves. « La plupart des inventeurs sont assassinés par le règlement des annuités liées à leur dépôt de brevet, il faut que cette situation cesse ».

2 Commentaires

Classé dans Rencontres

2 réponses à “Serge Cassagne, Mr « Géo trouve-tout »

  1. Un sacré bonhomme ! Une excellente lecture…

  2. Delmas

    Ce sacré Serge! Bises à vous deux! Jean-Luc .

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