Né à Buenos-Aires en 1951, Ariel Goldenberg est décédé à Nîmes le 14 juillet. L’homme de théâtre a sillonné la planète avant de faire définitivement halte en France. Directeur de la MC93 à Bobigny puis du Théâtre national de Chaillot, il a promu des dizaines d’artistes qui lui doivent beaucoup.

Ariel Goldenberg est mort le 14 juillet à Nîmes. Il s’y était retiré après une existence intense en faveur du théâtre, et ce à l’échelle internationale. Si nombreux sont dans le monde les artistes aidés, accompagnés, promus, révélés par lui, que c’est comme une très grande famille qui est aujourd’hui en deuil d’un homme à sept vies, tels les chats. Né le 2 février 1951 à Buenos-Aires, il a le prénom du personnage ailé de la Tempête de Shakespeare. Magnifique juif errant, homme bon et rond, jovial, doté d’un sens de l’amitié universelle, il est polyglotte. Que de langues à son actif ! L‘espagnol – il a la double nationalité, d’Espagne et d’Argentine – le français, l’italien, le portugais, l’anglais, l’allemand, le yiddish, qu’il a enseigné tout en poursuivant des études de vétérinaire.

L’univers du spectacle au plus haut prix le happe dès ses 18 ans, quand il est nommé administrateur du Théâtre Payro de Buenos-Aires, avant d’y cofonder le Théâtre Margarita Xirgù – du nom de la fameuse actrice espagnole antifranquiste exilée en Amérique Latine – et de présenter Mikis Théodorakis à la capitale argentine. En 1970-71, il organise un cycle de la chanson chilienne en opposition à Pinochet (Isabel Parra, Quilapayun, Angel Parra, Inti Illimani…). De tout ce qu’il accomplit, impossible, en si peu d’espace, de dresser la nomenclature. Quelques pistes, néanmoins : 1972-75, actif dans les théâtres Payro et Lassalle (il en assure la programmation), il produit des émissions de télévision autour de musiciens brésiliens. Avec le Théâtre Payro, il tourne en France, en Italie, en Allemagne. D’abord invité, puis collaborateur de Jack Lang au Festival de Nancy, il en devient le prospecteur en Amérique latine et sélectionne des troupes européennes pour le Festival des Nations de l’UNESCO à Caracas, où il fera connaître Vittorio Gassman. Voyages en Afrique…

Entre Nancy et Caracas (en 1980-81), il collabore à la « Rasegna dei Teatri Stabili » de Florence. A Madrid, il met sur pied des Festivals internationaux, sans abandonner Nancy et Caracas… Le voici à Munich, responsable de la programmation de l’Alabama-Halle. Il fait tourner Dario Fo en Amérique du Sud. C’est vertigineux ! Tant d’heures en avion, tant de responsabilités menées à bien dans un grand rire, entre Munich, Madrid, l’Espagne, l’Amérique du Sud, l’Afrique ; découvreur enthousiaste, organisateur infatigable. En mai 1989, il est nommé directeur de la Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis (MC93 Bobigny). Il y succède à René Gonzalez. En mai 1992, reconduit à la tête de la MC-93, Ariel Goldenberg quitte la direction du Festival international de théâtre de Madrid, après en avoir piloté la XIIème édition. En 2016, il renonce au Festival d’Automne de Madrid, qu’il animait depuis 2000. De juin 2000 à 2008, il est directeur du Théâtre national de Chaillot.

à Bobigny et Chaillot, il aura fait appel aux plus grands et aux plus prometteurs de l’époque : de Robert Wilson à Lev Dodine en passant, entre autres, par Georges Lavaudant, André Engel, Alfredo Arias, Peter Sellars, Robert Lepage, Deborah Warner, Philippe Decouflé, Frank Castorf, Mikhail Baryschnikov, Angelin Preljocaj, Bianco Li, Rodrigo Garcia, Heiner Müller, Bruno Bayen, Jean-Marie Patte, Simon Abkarian, Vincent Macaigne, Fellag, etc… Le lundi 4 octobre, hommage lui sera rendu à la MC93 de Bobigny. Jean-Pierre Léonardini
Bel hommage à un homme si généreux et si chaleureux