Jusqu’au 18 mars, au Théâtre de la Ville-Paris (Les Abbesses), Olivier Letellier propose Le théorème du pissenlit. Un conte pour les jeunes et les autres, signé de Yann Verburgh et mis en scène par le nouveau directeur du Centre dramatique national Les Tréteaux de France.
Là-bas, quelque part, « au pays-de-la-fabrique-des-objets-du-monde », dans de grandes usines où règne une discipline oppressante, de petites mains fabriquent une foule de produits de consommation ordinaires, destinés aux supermarchés de la planète. Ces petits bonshommes, garçons et filles, n’ont souvent pas plus de 12 ans, le même âge que ceux à qui sont destinés les jouets qu’ils assemblent. À partir de ce récit, dont on trouve les racines dans l’histoire vraie des enfants exploités en Chine, évoquée dans plusieurs reportages, Yann Verburgh a écrit Le théorème du pissenlit, un conte destiné aussi bien au jeune public qu’aux adultes. Et pour cause, il n’y a pas d’âge pour être jeune.

Sur la scène, dans les belles lumières de Jean-Christophe Planchenault, des dizaines de grandes caisses de plastique gris, semblables à celles destinées au transport des bouteilles de limonade, sont empilées et emboîtées les unes dans les autres. Décor unique, elles sont aussi boîtes à malice contenant quelques accessoires. Notamment des diabolos, objets prisés des jongleurs qui les font tourbillonner dans les airs et danser sur un fil comme de gros bourdons, qu’ils ne sont pas.
Un voyage entre réel et imaginaire
Le Théorème du pissenlit est un voyage poétique, sensible, drôle et rugueux que met en scène avec précision et tendresse Olivier Letellier. Nommé en juillet 2022 à la tête des Tréteaux de France, Centre dramatique national itinérant, il succède à Robin Renucci parti à la Criée, sur le vieux-port de Marseille. Il revendique sa sensibilité « pour le spectacle jeune public », mais pas que. « J’ambitionne un CDN ancré dans le présent, qui puisse aider à construire les citoyens de demain », avance Olivier Letellier. Dans une forme mélangeant réel et imaginaire, les cinq comédiens – Fiona Chauvin, Anton Euzenat, Perrine Livache, Alexandre Prince, Antoine Prud’homme de La Boussinière, avec la voix de Marion Lubat (également assistante à la mise en scène) – sont les personnages de l’aventure, chacun endossant plusieurs rôles, aucun n’étant attribué à un seul. Pas question pour autant de brouiller les pistes. Au contraire, le propos n’en est que plus vaste.

Tao, né au village du Rocher, doit, le jour de ses 13 ans, se rendre à la grande ville. Li-Na, partie à sa recherche, finira par retrouver sa piste… sur la chaîne de montage, dans l’usine géante et effrayante. Mais, parce que l’avenir appartient aux enfants, quoi qu’en pensent quelques vieilles barbes confites dans leurs privilèges et leur fortune, le désespoir vole en éclats. La colère gronde, l’action s’organise, un vent violent se lève. Si fort que l’usine sera dispersée, envolée. Finies les cadences, l’épuisement, les violences. Les petites fleurs jaunes, qui poussent dans les creux les plus improbables, brillent à nouveau comme des soleils. Gérald Rossi
Le théorème du pissenlit : du 23 au 25/03 au Théâtre de La Manufacture, Nancy. Les 29 et 30/03 à l’Espace des Arts, Chalon-Sur-Saône. Du 5 au 7/04 au Grand T, Nantes. Du 12 au 14/04 à La Maison des Arts, Créteil. Du 19 au 21/04 au Théâtre de Sartrouville. Les 4 et 5/05 au Quai d’Angers. Les 11 et 12/05 au Canal, Redon. Les 15 et 16/05 à la Scène nationale Bayonne Sud-Aquitaine. Les 25 et 26/05 au Théâtre d’Angoulême. Du 1er au 3/06 au Théâtre de Lorient.