Jusqu’au 17/10, au Théâtre de la Tempête, Clément Poirée, le directeur du lieu, met en scène Catch. De la sueur, du sang et des larmes… C’est sonné et hilare que l’on ressort du théâtre où se donnent à voir tous les combats du monde contemporain.

Disposé autour du ring, le public est d’emblée sommé de participer au spectacle et de réagir aux combats par tous les moyens, cris et injures comprises… Le couple de commentateurs l’y invite par un dialogue d’un cynisme sordide et d’une vulgarité très étudiée. Le duo d’acteurs (Louise Coldely et Joseph Fourez) est irrésistible ! Avec Catch, nous voici plongés dans un chaos de bruits et de fureurs face à un défilé de personnages caricaturaux qui servent un propos très clair sur les maux de notre société.
Point de mots ici pour le dire mais des coups et des hurlements, du sang et des larmes… Nous sommes confrontés à la violence archaïque des passions humaines sous couvert de farce hilarante. Les comédiens, dûment coachés par des professionnels du catch et les circassiens de l’Académie Fratellini, payent de leur personne. Aucune clé ne leur est épargnée : suplex, chokeslam ou coup de la corde à linge…

Les personnages se succèdent, archétypes des vices ou faiblesses de nos contemporains. Les dialogues, disons plutôt les invectives, crues et violentes à souhait, sont signées Hakim Bah, Koffi Kwahulé, Sylvain Levey, Anne Sibran et Emmanuelle Bayamack-Tam. Cette dernière est l’auteure de la très belle pièce à l’abordage précédemment à l’affiche de la Cartoucherie, également dans une mise en scène de Clément Poirée. Les affrontements se succèdent sous les huées. Le fragile Melancholia fait face au redoutable Kaapital, capitaine d’industrie impitoyable. Kassnoisette, l’ado exaspérée prête à bouffer le monde et les vieux mâles qui le gouvernent, finira par émasculer l’odieux fornicateur Priapico.
Le paroxysme de la violence grandguignolesque ? L’exécution de l’abject et stupide Battery Pork qui cumule racisme et sexisme, passé tête la première dans la moulinette à saucisses… Tout ça, c’est pour de faux, comme disent les enfants, mais les thématiques soulevées sont bien réelles et d’actualité. Nous sommes happés par la force des mots et des images, conquis par la beauté des costumes de Hanna Sjödin. Une tempête à ne pas rater. Chantal Langeard