Femmes, sous tous les angles

Jusqu’au 08/12 au Théâtre La Flèche (75) et au 08/01/23 au Ranelagh (75), Jacques David et Stanislas Grassian proposent respectivement Babette et Les muses. Deux spectacles qui évoquent la gente féminine sous plusieurs angles aigus ! Tableaux vivants ou femmes ordinaires, entre humour et émotion.

L’imagination, cette « folle du logis » selon Pascal, a poussé Claire Couture et Mathilde Le Quellec à écrire les Muses (1). Il fallait y penser. La nuit, dans le musée enfin déserté, la petite danseuse de Degas descend de son socle, la Joconde et la Vénus de Botticelli sortent de leur cadre et la Marylin d’Andy Warhol reprend corps à son tour. Les voilà candidates à un concours de beauté par-delà les époques… Vous voyez le tableau ? Sur le mode vif de la revue chantée et dansée, c’est un joyeux festival de chamailleries, de coq-à-l’âne, d’embrassades et de saillies hardiment troussées. Le gardien du musée, avec sa casquette et sa lampe électrique, n’en peut mais, d’autant que la petite danseuse de Degas (14 ans) raconte avoir rendez-vous avec lui. Stanislas Grassian, valeureux metteur en scène de cette pochade culturelle endiablée, tient ce rôle subsidiaire. Chaque figure est parfaitement dessinée.

La Vénus (Sophie Kaufmann) est boulimique. La Joconde en liberté (Mathilde Le Quellec) avoue être un peu rouillée (elle a 500 ans !) et ne supporte plus d’être selfiée par des milliers de Japonais. Marylin (Tiffanie Jamesse), en robe rouge plissée, avec ses mimiques et sa voix d’enfant délicieuse, semble telle que l’éternité l’a changée et la petite danseuse (Amandine Voisin) se dit naïvement travaillée par la puberté… Ce sont celles que j’ai vues ce soir-là, car il y a alternance dans la distribution. Chaque séquence chantée et dansée est applaudie, comme au music-hall. Vers la fin, les spectateurs sont conviés à reconnaître quelques chefs-d’œuvre patentés simulés en tableaux vivants. Le tout, spirituellement pédagogique, à la fois comique et touchant, témoigne d’une belle maîtrise des métiers de la comédie musicale. La grande Colette aurait aimé les Muses.

L’amitié et le goût du travail partagé ont concouru à la création de Babette, un texte de Philippe Minyana mis en scène par Jacques David (2). Dominique Jacquet est, alternativement entre ombre et lumière (Charly Thicot), une femme qui parle d’elle-même dans la journée où elle retrouve sa fille disparue depuis l’enfance, voit son fils et son mari échanger des horions, après qu’un forcené, dans la rue, a tiré dans le tas… Avec un art subtil du dire volubile, sur le ton du constat, elle distille cette partition superbement composée sur la vie quotidienne d’une femme ordinaire qui ne l’est pas. Les gens simples, par bonheur, sont toujours compliqués. Jean-Pierre Léonardini

(1) Jusqu’au 08/01/23, au Théâtre Le Ranelagh. Du jeudi au samedi à 19h, le dimanche à 15h (Tél. : 01.42.88.64.44). (2) Jusqu’au 08/12, au Théâtre La Flèche. Le jeudi, à 19h (Tél. : 01.40.09.70.40).

Poster un commentaire

Classé dans La chronique de Léo, Rideau rouge

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s