Une « Mousson » théâtrale pour un bel été

Située dans le cadre somptueux de l’Abbaye des Prémontrés de Pont-à-Mousson (Lorraine), La Mousson d’été (du 23 au 29 août) poursuit depuis plus de vingt ans un travail de déchiffrage des écritures théâtrales contemporaines. Fondée et dirigée par Michel Didym, metteur en scène et directeur du Théâtre de la Manufacture (CDN de Nancy), la manifestation peut ainsi s’enorgueillir d’avoir « découvert » un grand nombre d’auteurs et de textes venus de tous les pays du monde.

 

 

 

mousson4Face à la qualité de l’événement, Chantiers de culture s’enorgueillit d’accueillir la contribution d’Olivier Goetz, le « journalier » de La Mousson.

 

 

Contrairement à d’autres festivals (Avignon, Bussang, Grignan, etc…), il ne s’agit pas ici de proposer, clés en main, des spectacles prêts à entrer dans le circuit de la diffusion professionnelle. La Mousson est, avant tout, un lieu de recherche et d’expérience. Un  lieu d’échanges et de rencontres, aussi, offrant au spectateur un véritable espace réflexif. Les textes présentés sont, pour la plupart, totalement inédits et, pour les auteurs étrangers (majoritaires), traduits de fraîche date. La Mousson d’été est une tête chercheuse. À charge ensuite, pour les professionnels qui se retrouvent nombreux aux séances de lecture, de s’en approprier certains, pour en faire de véritables productions artistiques. Le boulimique insatiable qu’est Michel Didym a su, au fil des ans, s’entourer d’une équipe artistique de premier plan, comprenant d’excellents acteurs mousson3qui ont la tâche ardue de mettre en voix, sous la direction d’un metteur en scène qui les dirige et les met « en espace », ces pièces en tous genres qu’ils viennent tout juste de découvrir.

En quelques semaines, chacun d’entre eux se retrouvera distribué dans cinq ou six productions. Et ce n’est pas le moindre des intérêts de vérifier la virtuosité protéiforme de ces comédiens d’exception… À ne considérer que l’édition 2016, qui se déroulera du 23 au 29 août, ce ne sont pas moins que 25 auteurs vivants qui seront présents, accompagnés de leurs traducteurs et servis par une cinquantaine de comédiens et metteurs en scène. Une douzaine de nationalités sont représentées, principalement l’Amérique du sud (Argentine, Mexique, Cuba) mais aussi la Grèce, la Pologne et, bien sûr, la France.

 

Entre le nord et le sud, les questions qui agitent le monde théâtral contemporain, encore qu’abordées de points de vue différents, sont souvent les mêmes que celles qui agitent les médias et les intellectuels : la place des « gens » dans l’évolution du monde. L’écriture est un exercice politique, au sens noble du terme. Après les utopies collectives, les mirages du progrès, le triomphe actuel d’un capitalisme sauvage et d’une mondialisation sans règle, que mousson2reste-t-il à dire et à faire ? Face aux technologies des nouveaux moyens de communication, en quoi le théâtre, cette activité millénaire, reste-t-il un art pertinent pour l’humanité ?

Contre le préjugé qu’une lecture serait quelque chose de sec et d’ennuyeux, il faut faire l’expérience d’assister à ces performances où les acteurs, s’ils conservent généralement le texte en main, ne livrent pas moins le meilleur d’eux-mêmes, offrant généreusement leur énergie et leur talent. Ces grands professionnels sont au service d’une cause, celle de la création dramatique contemporaine, avec le souci revendiqué de brûler les étapes de la reconnaissance et d’offrir directement à un public éclectique (fait de professionnels de la profession mais, également, d’étudiants, de professeurs (une université d’été accompagne le processus) et de tous ceux que pique la curiosité du théâtre, un moment mousson1théâtral unique, l’émotion d’un texte porté par une présence réelle dans l’espace de la représentation.

 

Ce qui est exceptionnel, à la Mousson d’été, c’est la convivialité. Le cadre prestigieux des bâtiments anciens avec ses galeries, ses escaliers, son cloître et ses pelouses, participe à la magie d’un événement qui est tout sauf solennel et guindé. La vie en commun (auteurs, comédiens, metteurs en scène, techniciens et étudiants partageant le même espace, vivant sur place durant toute la durée du festival) est propice à la discussion. À côté des diverses prises de parole organisées (les « rencontres très formelles » de l’université d’été), des débats informels se nouent au hasard des couloirs, pendant les repas, le soir sous le chapiteau où des concerts et des impromptus sont proposés, de 19h30 à 23h, autour du bar « Au parquet de bal », parfois jusque tard dans la nuit. Notons, pour finir, que la Mousson d’été est un espace ouvert, que les lectures sont entièrement gratuites (seuls quelques Moussonspectacles présentés en soirée sont payants), et qu’il est très facile d’accéder à ces trésors d’intelligence et beauté que l’on s’interdit trop souvent de partager, pensant qu’ils sont réservés à une élite sociale ou intellectuelle.

Le seul effort à faire ? Se déplacer… et saisir l’occasion de découvrir peut-être la petite ville de Pont-à-Mousson, située sur les rives de la Moselle, au cœur de la Lorraine ! on s’émerveille dès lors qu’elle accueille une manifestation d’envergure internationale de si grande qualité. Olivier Goetz

Un petit journal, le « Temporairement Contemporain », accompagne au quotidien La Mousson. Distribué gratuitement sur place au format papier, il est mis en ligne presque simultanément et téléchargeable sur le site du festival, la Maison européenne des écritures contemporaines.

Page Facebook : www.facebook.com/lameeclamousson (Rens. : 03.83.81.20.22).

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