À toutes et tous, lecteurs des Chantiers de culture, en cette période encore frappée de pandémie, meilleurs vœux pour 2022. Que cette année nouvelle soit pour vous riche de découvertes, de coups de cœur et de coups de colère, de passions et de révoltes en tout domaine : social et artistique, culturel et politique ! Yonnel Liégeois

Bonjour, comment ça va ?… Bien souvent, l’interlocuteur a déjà tourné les talons avant même d’avoir écouté la réponse ! Il est ainsi moult gestes, paroles et actes que nous posons sans trop nous soucier de ce que nous faisons et disons. Par habitude, par convenance sociale, par routine… Jusqu’à ce qu’un jour la marche du monde, parfois incompréhensible-invraisemblable-inimaginable, bouscule, déroute, percute le déroulé de notre quotidien. Plongeant la planète dans le chaos, la douleur, la mort.
La peste, le choléra, la grippe espagnole… Des épidémies, notre terre en a connues en un passé plus ou moins lointain. Seule la littérature, médicale ou historique, le rappelle à notre bon souvenir. En un temps record, l’humain a cette extraordinaire faculté d’ignorer, d’oublier, d’effacer de sa mémoire ces traumatismes collectifs. Plus proche de nous, le sida qui a fait plus de 25 millions de victimes depuis 1981 et tue encore… Hormis les lanceurs d’alerte, les éveilleurs de conscience, l’homme en tire-t-il leçon ? Les faits sont têtus, la vérité cruelle… Quand le genre humain n’en finit plus de creuser sa tombe à Pretoria et à Bamako, de Paris à Londres, de New-York à New-Delhi le taux de l’action explose sur les places boursières.

Jamais les marchés financiers n’ont connu saison aussi florissante… Il n’y a pas si longtemps, pourtant, on nous prédisait l’effondrement de l’économie mondiale ! La routine, la force de l’habitude : est-il normal, logique, compréhensible, admissible, par exemple, que les brevets des vaccins ne soient toujours pas tombés dans le domaine public, que les états soient toujours contraints de négocier le prix de chaque dose vaccinale détenue par les laboratoires ? Futile, une nouvelle polémique enfle : le prix des autotests entre pharmacie et grande surface… La recherche médicale a un coût, chacun en convient, mais il est encore plus vrai et fondamental, essentiel, d’affirmer que la santé n’a pas de prix quand il s’agit de sauver une vie !
La force de l’habitude, la routine… Dans l’ordinaire de nos existences, la pandémie a bousculé nombre de nos pratiques : se serrer la main, s’enlacer ou s’embrasser ! Les étreintes fraternelles sont bannies, les chaînes de solidarité brisées, les gestes simples d’humanité exclus de notre quotidien. Un mauvais moment à passer pour les accrocs à la normalité, les mordus de la banalité… Un désenchantement pour les autres parce que ces rituels ainsi nommés, accolade-baiser-poignée de main, nous rappellent, en leur manque et absence même, leur force et puissance. Combien ils font la richesse et l’originalité de ce qui se joue entre hominidés, entre deux êtres amis ou amants !

Pas une marque de virilité ou de possession, pas l’affichage d’une supériorité ou d’une toute puissance quelconque sous couvert de sexe ou de genre. Non, juste les attributs d’une égalité affichée où chacune, chacun s’expriment en pleine liberté avec le respect qui lui est dû. Une exigence d’écoute et d’ouverture, d’attention à l’autre qui ne peut être routine ou évidence mais travail sur soi-même, qui nous invite en conscience à partager le toit et le couvert, à se donner et transmettre la vie les uns aux autres.
Le propre du rituel sur la routine ? Entre pudeur et vigueur, enchanter chacun de nos actes en les faisant advenir en pleine lucidité, mettre du sens là où d’aucuns ne voient que le répétitif et la fadeur de l’ordinaire. Par la force du rituel, l’œil éclairé sublime le regard formaté : l’ordinaire devient extra-ordinaire, la banalité l’exceptionnel, la routine l’unique et l’absolu ! Ainsi fut-il de notre humanité rassemblée autour de la table de vœux échangés aux douze coups de la nuit tombée. Le symbole d’une fraternité revivifiée en cette nouvelle année ! Yonnel Liégeois
Reçu par courriel, le 08/01/22 à 13h02 :
Cher Yonnel,
Nous te remercions pour tes vœux, via Chantiers de culture.
Nous ne manquons jamais de lire ta prose qui nous fait du bien dans ce monde désespérant. Nous te souhaitons une excellente année 22 !
Bien à toi, Hélène R. et Patrick H.